Je t’aime comme on aimes certaines choses obscures -Tomas

Je t’aime comme on aimes certaines choses obscures

L’aube pointait au loin de Manhattan teintant de rose et d’or le ciel. Une vision furtive qui fut vite masquée par les lourds volets roulants automatiques qui dévalèrent doucement les grandes baies vitrées du duplex luxueux des jumeaux vampires. Billy qui venait de rentrer, retira sa veste noire et blanche en cuir et l’abandonna d’un geste vif, élégant sur le sofa crème hors de prix. Ses longues jambes cintrées dans un pantalon serré noir et chausser de lourds docs noirs, foulèrent le parquet sombre et l'épaisse moquette claire qui décoraient le sol de cette immense pièce équipé de tout le confort moderne et distraction pour ses créatures de la nuit confinée la journée pour échapper aux rayons fatals du soleil. Repoussa d’un mouvement de tête gracieux la lourde chevelure noire et blanche derrière ses épaules un peu dénudées vues le haut sans manche qu’il portait, le vampire androgyne s’approcha du minibar bien fourni en alcool fort et saisit un de ces grands verres qu’il remplit d’un liquide ambré au parfum épicé suave, fort, du whisky dont il avala un bon contenu presque cul sec . Il savoura cette boisson qui permettait un peu de caler sa faim insatiable de sang frais. Il avait pourtant un peu bu avant de venir, trouvant un mignon petit humain dans un bar disponible pour vivre le grand frisson avec lui. Il l’avait pas tué, juste pris un peu de sang et de bon temps avec lui. Après il l’avait laissé dans un coin d’une ruelle totalement groggy et un brin affaibli, mais ça ce n’était pas son problème, il savait ce qu'il’attendait non . Ce n’était pas son genre de jouer non plus au bon samaritain. Puis il avait d'impératif, comme rentrer chez lui avant le levé du jour, histoire de ne pas crever griller sous les rayons de l’astre solaire. Surtout que cela avait été tout juste, la preuve, l’aube venait de tomber à peine à l’abri chez lui. La prochaine fois il devait quand même faire attention à l’heure, faire plus attention à ce détail quand même vital.
Son verre à moitié plein, il arpenta le grand appart, son regard félin cherchant des indices, des signes que son frère était lui aussi bien rentré. Une veste abandonnée, une paire de pompes dans un coin, le reste d’un verre sur le comptoir de la cuisine américaine, un sourire étirèrent ses lèvres charnues, oui il était bien là, il espérait juste par là-haut avec son favori. Il désirait tant retrouver son frère, être contre lui, contre son corps, partager sa couche, vivre ce moment privilégier, ce lien fort qu’ils les avaient poussé à accepter le pacte maudis de l’éternité.
Toujours avec son verre, ses docs produisant un bruit mat sur le parquet, il se dirigea vers les chambres et s’arrêta devant celle de son double. Il ne prit même pas la peine de frapper, il l’ouvrit en grand et se planta dans l’encadrement, appuyant nonchalamment sa hanche et son épaule contre le chambranle de l’ouverture. Il sourit, porta son verre à ses lèvres, bu le fond qui restait et se lécha les lèvres.
« Hm ça tombe bien que tu ne sois pas avec ton favori aujourd’hui, c’est justement toi que je voulais voir. » Balança-t-il de sa voix la plus charmeuse et douce en guise de « bonjour ». Il déposa le verre maintenant vide sur le meuble à côté de la porte, puis franchit le seuil, s’avançant dans cette vaste et belle chambre où il aimait assez souvent y retrouver Tomas.
Il caressa de ses doigts fins le bois sombre et brillant du cadre du lit, un lit presque à l’ancienne.
Il posa doucement à côté de lui, se pencha pour venir effleurer de ses lèvres cette joue lisse, parfaite de cette jeunesse figée dans le temps à jamais.
« comment a été ta nuit ? J’espère agréable et distrayante. » Ronronna-t-il proche de son oreille, les yeux charbonnés mi-clos.

Je t’aime comme on aimes certaines choses obscures

Billy ne se formalisait pas d’entrer ainsi dans la chambre de son frère, il pouvait même être très occupé qu’il aurait agi pareil. L’éternité avec lui, jouissant d’un mode de vie sans tabou, il en était venu à s’en moquer des convenances. Il voulait parler avec lui, il le ferait qu’il soit en mesure de l’écouter ou non. Tomas ne se gênait pas non plus pour agir ainsi quand il l’exigeait. Billy fut quand même soulagé de ne pas le trouver en train de baiser son favori. Bien qu’il soit effectivement rare qu’il le fasse ici dans sa propre chambre.

« Je viens d’avoir un orgasme avec lui. Je suis tout juste sorti de ma douche si tu veux tout savoir. »
Billy salua cette information d’un petit grognement de mépris et d’un geste désintéressé de la main, comme s’il chassait un vulgaire moustique agaçant.
-« bien, bien, tant mieux pour toi ! » Il se passerait bien de certains détails. Il vint s’asseoir sur le lit au côté de son double dont il apprécia la vision. Tomas était beau, magnifique, ce corps bien fait, viril et finement musclé.
À cet instant, autant être honnête, il avait bien envie de se presser contre lui… Mais il sentait chez son frère une aura peu avenante. Il se doutait qu’il essuierait direct une rebuffade, alors il préféra laisser les choses doucement évoluer et voir comment se passerait la « journée ». Toute façon ils étaient tous deux cantonné ici pendant la durée du jour. Il déposa juste un doux baiser sur sa joue et s’enquit sur sa nuit :

« Assez, comme je te l’ai dit. Et la tienne ? » Il savait très bien qu’il disait ça pour tenter de le mettre à bout. Oui il était jaloux, comme lui. Et malgré ce désir de propriété et d’exclusivité, aucun n’arrivait à s’en tenir à une relation totalement fidèle, sinon il n’y aurait pas ses favoris.
-« Mise à part ce détail Tomas, voyons ! » Il soupira un peu, puis chassant un peu l'agacement latent, il reprit un air souriant et taquin : « Hm… Plutôt divertissante, j’ai pu dénicher juste avant de rentrer, un joli petit humain, son sang était plutôt agréable… Mais pas suffisant pour calmer ma faim. » Il montra son verre, justifiant son besoin d’en boire pour caler son appétit.
Mais ses propos firent saluer par un regard chargé de reproche et une voix chargée de ressentiment et de colère. Il l’entendit renifler avec mépris :

« Tu es encore venu me dire que tu te l’es tapé ? C’est ça ? »
Tomas feulait de colère avec cette pointe de jalousie qui au lieu d’effrayer son jumeau, l’attira d’autant plus. Il sourit doucement et émit un petit rire amusé.
-« Me le taper . Ho non, cette nuit je n’ai rien fait de sexuelle avec le Hunter, je n’ai fait que le croiser dans un bar et on a discuté ensemble.» Répliqua-t-il en se frottant doucement son fin menton usant de ce petit ton nonchalant et tranquille comme s’il parlait de broutille sans importance. Tom quitta le lit, s’écarta de lui, Billy de ce fait s’installa plus à l’aise sur ce grand lit, retirant d’un coup de talon à chaque fois, ses lourds docs et ôtant d’un mouvement fluide sa fine veste, qu’il balança dans un coin de la pièce.
Il le suivit du regard, s’affalant sur le lit, glissant négligemment un bras sous sa nuque et croisant ses longues jambes au niveau des chevilles.
« Apparemment nous n’aurons plus à nous inquiéter de lui… C’est une bonne nouvelle ! » Il joua tranquillement avec son verre qu’il avait posé sur son ventre, s’amusant à remuer et faire miroiter l’alcool ambré.
« plus besoin non plus de s’embarrasser de sa sœur… » Il détestait cette femelle devenue vampire par son frère. Cela se ressentait dans sa façon de parler à chaque fois qu’il devait relever ce fait. Sa petite voix cristalline se faisait acide et mauvaise.
« Je voulais fêter dignement cette bonne nouvelle avec toi, mon frère, mon âme sœur, mon amour ! » Il leva son verre comme portant un toast et pencha doucement sa belle tête, le fixant de ses yeux sombres comme la nuit. Puis il porta son verre à sa bouche, s’avalant une bonne rasade d’alcool, il déglutit et fit claquer délicieusement sa langue contre son palais : « mais comme tu as déjà joué avec ton favori, tu n’as pas spécialement faim et encore besoin de moi. » Son ton se fit plus acerbe et pointait donc cette légère jalousie. Il cessa de parler tout seul, affrontant maintenant l’éclat colérique de son double. Billy haussa un sourcil et sourit trop aimablement en retour.
« allons bon ! Je vais au final plutôt essuyer ta colère… » Il soupira et posa doucement le verre vide sur la table de nuit, s’installant confortablement, sa nuque appuyée sur les oreillers empilés.