I will save you from yourself - Jared T.

Messages : 36 Date d'inscription : 20/08/2013

I'll save you from yourself.

Elle respire la vengeance. Toutes les cellules de son corps transpirent la haine.
Aujourd'hui. Parce que demain, peut-être que Shannon s'étouffera avec sa solitude. & elle ira allonger ses boucles d'or sur le comptoir, alors que ses pupilles perceront la triste réalité. Elle en a marre de vivre. Pourtant, elle n'a pas envie de mourir. Pas maintenant. Pas avant d'avoir violemment arraché le cœur des Wilson. De jour en jour, son plan se concrétise & prend forme. Mais seule, elle ne peut les vaincre. Elle y laisserait sa peau. & même si sa piètre existence n'a plus d'importance pour elle ni pour personne, elle voudrait atteindre son but. Avec un peu de dignité.

Lasse & moralement épuisée, elle abandonne ses idées machiavéliques & se perd dans l'étroitesse de son appartement. Ses doigts se perdent dans ses cheveux, & Shannon virevolte. Encore & encore. Elle paraît voler. Mais elle se bat pour ne pas sombrer. Un sourire s'abat sur ses lèvres. Puis, elle rit. & se laisse retomber sur ses genoux, paumes étendues sur son visage. Ses émotions sont en perpétuel conflit, chuchotent & ricanent dans son crâne. Elle rit. Elle pleure. Elle chante. Elle crie. Elle se sent seule. Vide.
Alors, à la vitesse d'un vampire, elle traverse la pièce & s'effondre devant le coffre qui la maintient en vie. Ses doigts s'enroulent autour d'une poche de sang. L'odeur excite ses sens. Ses dents apparaissent. L'envie de gerber, aussi. Mais Shannon ne peut que gémir, quand le liquide rouge passion caresse son palais, sa langue, sa gorge. Elle se dégoute. Son addiction pour le sang la déglingue, la dévore.
C’est dégueulasse.
Ça coule le long de son menton.
Elle ne s’essuie pas. Se contente de se redresser, le regard vide, anéanti, les bras ballants, l’âme un peu plus atrophiée qu’hier, un peu moins que demain. Elle se débarrasse de ses vêtements, se laisse envelopper dans la chaleur de la douche. Son dos claque contre la paroi glacée.
& elle tombe. Au même titre que ses larmes. Larmes de honte. Larmes de dégout.
Ses jambes se replient contre sa poitrine.
Ce soir, la solitude piétine douloureusement son cœur.
Ce soir, cette acharnée plante ses crocs vicieux dans sa chair à vif.
Shannon voudrait hurler. Mais elle ne fait que serrer les dents.

Elle capitule.
Vêtue d’une robe rouge passion (rouge sang) & d’une paire de talons excessivement hauts, la jeune femme déambule dans les rues de New-York.
Ce soir, Shannon a besoin de bras qui se resserrent autour de son corps.
D’une épaule pour éponger sa peine.
D’une odeur qui effacera le souvenir du parfum de son ex-petit ami.
D’un sourire qui balayera sa solitude. Même si tout ne sera que chimère & éphémère.
Putain d’illusion.
Un violent frisson traverse son épiderme. Alors, elle enfile sa veste cintrée, couleur de la nuit. & s’engouffre dans un bar bondé d’humains susceptibles de lui servir de dessert. L’odeur du sang dans l’air. Les plaies à vif.
Mais, c’est alors qu’une silhouette attire son regard. Jared. Seul, au comptoir, il fait face à sa solitude, lui aussi. Il a détourné sa question, quelques jours auparavant, lorsque Shannon lui a demandé s’il était heureux ainsi. Alice ne peut, toutefois, s’empêcher d’être triste pour lui. Personne ne devrait vivre & ressentir ce qu’elle tente de vaincre au quotidien.
Pas lui.
Son regard se raccroche à lui, le dévore, fouille son âme. & les pas se rapprochent. Ce soir, la vampire est fragile, vulnérable. & Shannon s’assoit avant que ses jambes fines & félines ne la supportent plus. Elle interpelle le serveur, lui demande un whisky. À travers le silence, elle écoute la mélodie des voix qui se propagent derrière son dos, & envahissent son cerveau. Elle s’y perd un instant, dans ce silence qui l’oppresse mais qu’elle cramponne comme une damnée. Ce soir encore, Shannon va manier les phrases & les mensonges. Se complaisant dans la peau d’une humaine, face à un Hunter qui, en découvrant la vérité, la haïra de tout son être. « On dirait que la solitude s’est lassée de nous, elle s'acharne à nous mettre sur le même chemin... » Parce qu'en effet ce soir, une force inexplicable les a réuni. Encore. La Solitude pose inexorablement un genou à terre. Elle capitule. Elle ne gagnera pas aujourd'hui. « Comment tu vas, Jared ? Ta chasse se porte bien ? » Peut-être qu'il ne se souviendra pas d'elle. Après tout, Shannon n'est pas une femme qui marque les esprits. Elle comprendrait donc qu'il ait déjà oublié son prénom. & pourquoi pas son visage.

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Jared Ҩ Shannon

«I will save you from yourself »

Jared grogna. Encore une sale soirée c'était certain. Pourtant, tout avait bien commencé. Il était parti à la tombée de la nuit, comme à chaque fois. Il avait évité sa sœur pour ne pas se prendre à nouveau la tête avec elle. Il avait pris ses armes, pris sa verveine... Il était encore plus prévoyant depuis cette fameuse nuit avec Billy. Qu'est-ce qu'il haïssait ce vampire. Il avait abusé de lui, se on mental, clairement. Alors aujourd'hui, le hunter faisait attention à tout, refusant de tomber dans un nouveau piège. Mais cette nuit, tout ne s'était pas passé comme il le souhaitait. Il avait pourtant trouvé la proie parfaite. Mais il avait sous-estimé le vampire en question. Il avait réussi à l'empêcher de mordre cette humaine mais Jared en ressorti blessé et sans victime. Il s'était rapidement nettoyé sa griffure sur le bras. Une énième cicatrice sur son corps. Il n'y faisait même plus attention. Son corps était la carte représentant chacun de ses combats. Peu de personne avait le droit de le voir. Sa soeur bien sûr l'avait déjà vu, son torse, son dos, ses bras... Il en avait partout. Les quelques rares personnes ayant partagées son lit les avaient vues également. Elles avaient posé des questions mais il n'avait jamais répondu. Il n'en parlait jamais. Cela faisait partie de lui, voilà tout. Et cette nuit, il en avait une nouvelle à sa collection. Il en avait assez fait pour ce soir. Il allait retourner avec sa solitude. Chose qu'il faisait si bien.

La solitude le pesait de plus en plus. Mais il la recherchait constamment. Il se disait qu'il n'y avait qu'avec elle qu'il pouvait être. Il n'y avait qu'elle qu'il formait le meilleur couple possible. Il n'y avait qu'elle qui le comprenait, qui ne le jugeait pas. Il ne parlait de lui à personne. Sa seule compagnie était cette solitude. Triste réalité. Non, Jared n'était pas heureux. En rien. Il ne parlait presque jamais avec son père. Il s'engueulait constamment avec sa soeur. Il n'avait pas d'amis, de personnes à qui se confier. Il n'avait que lui-même. Et il n'aurait toujours que lui-même. Il se montrerait incapable de prendre soin de quelqu'un. Il n'avait même pas réussi à protéger sa petite soeur... Il prit un bâtonnet blanc et se l'alluma, la cendre rougissant dans la nuit et éclairant vaguement son visage. Il allait marcher un peu. Il ne savait pas vers où. Mais il marcherait. Loin de ce monde de vampires. Cette nuit, il allait se mêler au sien, au semblant de sien. Le monde des humains. A vrai dire, il ne savait pas trop où était sa place. Il ne l'avait jamais réellement su. Il tuait des vampires et des loups-garous quand il le fallait, il protégeait des humains. Mais et lui, dans tout ça, il se plaçait où ? Il n'en savait rien. Et il se retrouvait plus paumé que jamais ce soir.

Ses pas le menèrent tout naturellement vers un bar. Il ne prit même pas la peine de savoir lequel c'était, s'il était bien fréquenté ou non. Tant qu'il y avait de l'alcool cela lui allait parfaitement. Il s’installa au comptoir et commanda un verre. Il ne regardait personne. Il n’y avait que lui et sa solitude. Ainsi qu’un verre à présent. Il le but, en quelques gorgées. Et il en commanda un nouveau. Ce n’était jamais bon. Il risquait de finir sa nuit dans un sale état. L’image n’était en rien sympathique. Sauf que le destin en décida autrement. Il ne fit pas attention à la personne s’asseyant à ses côtés. Pas tout de suite. Pourtant il aurait dû. Il aurait ainsi pu apprécier la personne s’installant là, venant le voir. A la place, la surprise prit possession de tout son être en reconnaissant cette voix qu’il n’avait pas entendu depuis un petit moment. Cette voix qu’il ne pensait plus entendre à nouveau un jour. « On dirait que la solitude s’est lassée de nous, elle s'acharne à nous mettre sur le même chemin... » Sans qu’il ne puisse se retenir, un petit sourire étira ses lèvres. Voilà l’effet de la jeune femme sur le hunter. Elle arrivait à le faire légèrement sourire. Lui qui se montrait pourtant si blindé et froid d’apparence. Il tourna son visage pour découvrir une Shannon réellement sublime. Elle était magnifique dans cette robe rouge. Il ne pouvait pas nier qu’elle était vraiment très attirante. Il plongea son regard dans le sien. Ce regard éteint pour il ne savait quelle raison. « Comment tu vas, Jared ? Ta chasse se porte bien ? » Il se lécha la lèvre inférieure, inconsciemment. « Deux âmes esseulées qui se retrouvent au même endroit pour boire un verre. » Il eut un léger rire. « On va dire que ça va. Et pour la chasse… On va dire que je laisse ma place à un autre pour ce soir. » Il avait une telle facilité à lui parler. Il en était toujours étonné. Il évita de dire qu’il avait complètement foiré sa chasse et qu’il en était ressorti blessé. Son bras le lançait toujours. « Et toi Shannon ? Comment vas-tu ? » Non, il ne l’avait pas oubliée. Comment pourrait-il. Il n’avait pas parlé ainsi avec quelqu’un depuis bien longtemps. Quand il discutait avec elle, même pour échanger quelques mots comme la première fois, il se sentait apaisé, un instant, dans sa vie tourmentée.
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I'll save you from yourself.

Chaque douloureux & pénible battement de son palpitant n'est que le résultat de cet abandon, qui lui a claqué dans la gueule quelques années auparavant, & qui continuera à lui tordre salement les boyaux jusqu’à ce que son cœur soit arraché de sa poitrine.
Mais alors, pourquoi tant d’ecchymoses à l’âme, alors que cette existence ne veut plus d’elle & la martèle de ses plus atroces tortures ? Pourquoi perpétuer ce supplice à chaque jour, chaque seconde de sa misérable existence ?
Avant d’entrer dans ce bar, Alice avait eu la sombre idée de se laisser ensorceler par le charme d’un homme. Celui-ci aurait ainsi eu l’illusion d’abuser de sa naïveté. & macho, il se serait senti fier, de savoir manier le « sexe faible ». Alors qu’en réalité, il n’aurait été que la victime d’une femme rongée & détruite par la solitude. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne se seraient posé davantage de questions. La soirée se serait terminée chez l’un, ou chez l’autre. Quelle importance ? Les draps auraient été seuls témoins de leurs ébats dépourvus de tendresse, de sentiments, de valeur. & Shannon serait rentrée dans son petit appartement. Encore plus isolée. Encore plus malheureuse. & salie par un homme qui ne lui aurait même pas demandé son prénom, ni même pris la peine de lui dire qu’elle était jolie.
Mais une fois encore, ses plans échouent. Jared, par sa présence, vient de balayer sa solution de facilité, ses faiblesses, ses envies stupides. Merde. Combien d’hommes ont partagé son lit, depuis la mort de son âme sœur ? Ils sont si peu nombreux que Shannon aurait presque l’air d’une pucelle, le jour où un autre tentera de se faufiler dans son petit corps.
Jared ne le regarde pas. Pas encore.
Alors Alice en profite pour se maudire encore un instant. D’avoir été si faible. Si conne. Si irrespectueuse envers elle-même.
& puis, elle oublie ses pensées dégueulasses & se concentre sur le seul homme susceptible de la faire sourire, de tenir tête à La Solitude. Le seul dont elle a besoin, maintenant.
C’est drôle, d’ailleurs. Ils ne se connaissent pourtant pas. Ne partagent pas énormément d’anecdotes, ni de secrets, non plus. À croire, cependant, qu’ils ont trouvé en l’un & l’autre, une bouée de sauvetage, une main à laquelle se raccrocher, une épaule sur laquelle pleurer.
Alice entrouvre ses lèvres, prononcent quelques mots.
&, ça y est. Elle n’est plus seule.

« Deux âmes esseulées qui se retrouvent au même endroit pour boire un verre. » Elle tourne son visage vers lui, laisse son regard se perdre dans l’immensité de ses yeux bleus, & lui adresse un tendre sourire. Ses doigts dansent sur le rebord de son verre blindé d’un alcool qu’elle n’apprécie follement. &, elle trempe ses lèvres pourtant dans ce liquide doré, avant de laisser résonner sa voix. « & je te promets que je n’étais pas en train de te suivre » La fraicheur de son rire brise l’atmosphère teintée de souffrance. Juste quelques secondes. & puis, avant même que Jared n’ait eu le temps d’apposer sa voix derrière la sienne, Alice reprit. « Je vais finir par croire au destin. » Pas en ces croyances stupides qui évoqueraient la possibilité de réunir deux âmes sœurs. Mais plutôt l’éventualité qu’une force inconnue & indescriptible ait le pouvoir de relier deux chemins, deux personnes qui – de toute évidence – partagent les mêmes douleurs, les mêmes peines.
À deux, il est tellement plus facile d’ignorer les ricanements qui résonnent, la souffrance qui persiste & insiste.
En cet instant, avec Jared, Shannon se sent infiniment plus forte, & capable de terrasser ces démons qui l’assaillent de flèches empoisonnées, recouvertes d’un acide lui imposant l’image d’un avenir pas plus joyeux, peut-être plus triste encore. « On va dire que ça va. Et pour la chasse… On va dire que je laisse ma place à un autre pour ce soir. » Que s’était-il passé, pour que Jared abandonne ? Shannon n’a pas encore eu l’occasion d’en apprendre beaucoup sur le chasseur. Elle a néanmoins l’intuition que ça ne lui ressemble pas, de laisser ses projets à l’abandon. Se lasserait-il de cette vie qui l’épuise, & l’isole du monde extérieur ? La Solitude n’est pas leur meilleure amie. Elle est leur meilleure ennemie. Elle les ronge, peu à peu, jusqu’à ce qu’ils ne soient fait que de poussières, de rien.
Incapables d’accrocher leur vie à une autre.
Incapables d’être deux.
Condamnés à ne rester qu’un.
Ils ont déjà perdu cette étincelle dans les yeux. Ils ne croient plus. Ils ne rêvent plus.
« Et toi Shannon ? Comment vas-tu ? » Comment va-t-elle ? Mal. Très mal. Affreusement mal. Son existence se transforme en calvaire, à chaque jour qui passe. « Bien, merci » Jared est le seul être à lui faire du bien. Pourquoi donc lui mentir ? Pourquoi ne pas alourdir les épaules masculines de cet homme en y laissant échouer sa peine, sa douleur, sa colère ?
C’est donc un sourire qui s’invite sur les lèvres de la jeune femme. Un sourire triste. Un sourire sans vie, sans reflet, sans lumière. « En fait, j’ai connu mieux. &, j’dois avouer que j’suis contente que tu sois là. » Ils n’ont pas discuté suffisamment, l’autre jour. & Shannon était rentrée frustrée. Elle ne saurait expliquer ce besoin soudain d’être proche de lui. « En tout cas, si tu ne chasses pas ce soir, ça veut dire que tu as tout ton temps libre pour moi, mh .. ? » Elle lui adresse une malicieuse esquisse, lui permettant ainsi de déduire qu’elle compte se greffer à lui, quelques minutes, quelques heures. Aussi longtemps qu’il le voudrait. « Tu vas me trouver envahissante, je suis sincèrement désolée. » Ils n'ont plus sans doute plus l'habitude d'être deux. Il leur faudra du temps, pour apprivoiser cette nouveauté.

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Attirante. Plantureuse. Sexy. Voilà les quelques mots qui passaient à travers l'esprit très légèrement embrumé par l'alcool du Hunter. Il n'avait jamais nié appréciait ce qu'il voyait quand il croisait le regard de la jeune femme même si ce n'était que ma deuxième fois qu'il la voyait. Mais cette fois-ci, la voir dans cette robe couleur sang... Couleur qu'il détestait pourtant par-dessus tout. Il m'a haïssait pour tout ce qu'elle représentait. La passion. Le sang. L'amour. La mort. Cette couleur pouvait signifier tellement de choses à la fois. Mais sur elle, elle était tout simplement divine. Elle la mettait en valeur. Elle mettait en valeur ce grain de peau si clair, si pâle. Il adorait. Il était comme hypnotisé par sa silhouette. L'alcool aidant sans doute. Il n'était pas du genre à se laisser aller. Normalement, Jared était du genre à grogner quand quelqu'un débarquait à ses côtés quand il était en train de boire un verre. Mais pas ce soir. Non, ce soir il laissait la jeune femme venir s'installer à ses côtés et discuter avec lui. Le pire dans tout ça ? Il lui répondait et paraissait amusé par la situation. Il perdait le contrôle. Très léger certes mais cela ne lui arrivait jamais. Le seul amusement qu'il avait était celui de tuer des vampires. Celui de leur répondre quand ceux-ci se montraient trop sûrs d'eux dans le combat. Mais jamais avec quelqu'un d'autre. Encore moins avec une femme. Et à sa réponse, il la vit sourire. Cela lui fit plaisir. Il appréciait la voir sourire. « & je te promets que je n’étais pas en train de te suivre » Il eut un petit rire. Encore heureux, elle ne jouait pas la stalkeuse. Il ne voulait vraiment pas avoir quelqu’un derrière lui. Il ne voulait personne de proche de lui pour la simple raison que cette personne deviendrait sa faiblesse et qu’on s’en servirait contre lui pendant ses chasses.

« Je vais finir par croire au destin. » La voix de la jeune femme le sortit de ses pensées. Il se montra intéressé par ce qu’elle venait de dire. Le destin. Il n’y croyait pas. Il n’y avait jamais cru. Chacun traçait sa vie. Chacun était maître de sa vie et de ce qui lui arrivait. Mais ce soir, il avait envie de jouer. A nouveau. Il ne savait pas ce qui le poussait à agir ainsi avec Shannon. Surtout avec elle. « En effet, je crois que tu peux et qu’il est de notre côté. » Il eut un très léger sourire au coin des lèvres. Il ne souriait pourtant plus depuis bien longtemps sauf quand il se moquait de la condition du vampire qui allait mourir sous ses yeux. Et encore, ce n’était pas un réel sourire amusé non. Loin de là. Mais à l’instant, il se sentait bercé par l’alcool et le parfum enivrant de la jeune femme à ses côtés. Pourquoi la laissait-elle s’approcher ? Ce n’était pas bon. Ils auraient dû se tenir à cette unique fois, rien de plus. Ils avaient discuté et il l’avait raccompagné. Cela avait été très bien. Mais ce soir, une nouvelle fois, Jared se laissait approcher. Puis elle lui demanda si ça allait. Chose à ne pas demander. S’il était présent dans un simple bar d’humains, c’était que quelque-chose n’allait pas dans sa nuit de chasse. Il n’était pas en train de surveiller la ville et était clairement en train de vouloir se soûler, oublier sa condition l’espace d’une nuit. Cela lui arrivait, de ne plus supporter ce qu’il faisait. Encore plus un soir où il avait été blessé. Et ce soir en faisait partie. Il resta évasif sur son ressenti à propos de tout ça et ne dévoila pas être blessé. Ce n’était pas grave. Mais il allait rester marqué c’était certain.

Il ne voulait pas s’attarder sur son cas. Pour quoi faire ? Il n’était pas intéressant. Il ne l’était en rien. Alors il changea de sujet de discussion et préféra se reporter sur la jeune femme. Il lui demanda à son tour comment elle allait. Il voulait le savoir. Il ne savait pas exactement pourquoi puisqu’il ne s’intéressait jamais à la vie de qui que ce soit. Mais la question avait été posée et avait envie de le savoir. « Bien, merci » Il observa son visage, son sourire, la tristesse qui s’y lisait. Peut-être que Jared n’était pas très sociable, voir il ne l’était pas du tout. Mais il observait beaucoup les autres. Il arrivait à savoir leurs sentiments. Il ne lisait pas en eux. Mais il voyait de la tristesse ou de la joie quand il en voyait. Il attendit un instant, pour voir si la jeune femme voulait poursuivre et mentir ou bien raconter la vérité. Il n’obligeait jamais personne à raconter leurs états d’âme. « En fait, j’ai connu mieux. &, j’dois avouer que j’suis contente que tu sois là. » Il fut surpris par cette phrase. Elle était contente de sa présence ? Il ne s’y attendait pas. Mais vraiment pas. Il ne comprenait toujours pas comment on pouvait apprécier sa personne. Il ne faisait vraiment rien pour. « Oh vraiment ? » La surprise se lisait sur son visage. Il y avait de quoi. « En tout cas, si tu ne chasses pas ce soir, ça veut dire que tu as tout ton temps libre pour moi, mh .. ? » Petit sourire. Le jeu était à nouveau naturellement là. Et ça lui plaisait. Il ne voulait, de toute façon, pas qu’elle s’en aille, qu’elle le laisse seul. Cette solitude était tellement mieux à deux. Surtout avec elle. Il laissa ses prunelles bleus redessiner sa silhouette. L’alcool aidant, il se montrait moins retenu qu’à son habitude. Il était loin d’être soûle. Mais l’alcool le décoinçait. « Tu vas me trouver envahissante, je suis sincèrement désolée. » Ses lèvres s’étirèrent en un sourire. « Pourquoi es-tu désolée ? Si je ne voulais vraiment pas de toi à mes côtés, crois-moi que tu l’aurais vite compris. » Jared n’était pas raffiné avec les femmes. S’il ne voulait pas les voir, il les jetait, sans ménagement. Il n’était pas doux. Il n’était pas tendre. Il ne le serait jamais. On l’avait élevé ainsi. On l’avait élevé à la dure en lui apprenant à ne pas avoir de sentiments. Alors il jetait sans aucun remord. Mais pas cette fois. Pas Shannon. Il y avait quelque-chose en elle qui l’attirait, qui pensait légèrement ses blessures les plus profondes. « J’ai donc tout mon temps libre de cette nuit rien que pour toi. Si c’est pas merveilleux… » Il porta son verre à ses lèvres et en commanda un autre. « Alors ça t’arrive de te promener dans un bar uniquement réservé aux humains ? » Il plongea son regard dans le sien. Vu les temps qui couraient, ils pouvaient parler librement des humains, des vampires, des loups garous. Il jeta un coup d’œil à la robe de la jeune femme. « Tu voulais aguicher quelqu’un ? Avec ce genre de robe, c’est généralement ce que l’on souhaite non ? » Il ne disait pas ça méchamment ou pour juger. Après tout, on cherchait toujours à palier sa solitude comme on le pouvait. Cela lui arrivait également de coucher avec une ou un parfait inconnu juste pour se sentir moins seul, une fois. Au moins une fois. Il se lécha la lèvre supérieure un instant pour en récolter les dernières saveurs de son verre. « En tout cas, le charme opère. » Il lui fit un clin d’œil. Il n’était pas le seul à admirer sa beauté dans cette robe. Elle attirait facilement le regard vu la couleur de celle-ci et son corps. Il était resté vague mais il parlait de lui aussi.
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Son âme, son corps, ne sont qu’un ramassis de souffrance et de larmes sans reflets, sans saveurs, où persiste néanmoins une lueur timide, à peine visible, mais vivante. Une faible lueur qui attire les regards. Les regards curieux. Les regards envieux.
Mais, alors, personne ne décèle cette petite étincelle vicieuse qui, accrochée à son âme, dévore ses joies, & viole ses sourires. La Solitude est là, pourtant. & devient son pire cauchemar. Son angoisse permanente. Boulimique de ses dernières doses de bonheur, cette solitude l’isole de tout, du monde. Tout s’éteint dans son corps. & Shannon est malheureuse. Seule. Abandonnée.
Elle aurait voulu, ce soir uniquement, que quelqu’un s’acharne autant que ce putain de ressenti, ce putain de quotidien. Que quelqu’un veuille l’épuiser par tant de tendresse, de caresses.
Mais c’est ridicule.
& impossible.
Shannon en est tristement consciente. Sa robe n’y changera rien. Oh, bien sûr les hommes l’auraient sans doute approché, lui auraient sans doute promis monts & merveilles. Mais après l’avoir souillé, tous auraient choisi la même fin à cette idylle piètrement entamée : fuir. Fuir, & la laisser plus vide que jamais. & les merveilles se seraient ainsi envolées, avant même qu’Alice n’ait eu le temps de les frôler, de les admirer. D’y croire.

Le Destin. Y croit-il ? Ne fait-il qu’entrer dans son jeu ? Shannon ne le saurait sans doute jamais.
Pourtant, un sourire s’empare de ses lèvres tandis qu’elle lui lance, au travers de ses longs cils maquillés, un regard qui se veut tendre & joueur. Cette ambiance entre eux lui donne l’impression qu’il s’intéresse à elle. Cependant, elle ignore encore ce qu’il attend & espère de cette soirée avec elle. L’ensorceler ? La rendre prisonnière de ses draps, & de ses bras ? L’envelopper dans une douce couverture de sympathie ? D’amitié ?
Son regard si bleu la brûle. Jamais encore Jared ne l’a regardé ainsi. Il dévore ses formes, certainement mises en valeur par sa robe.
Shannon a juste essayé d’être jolie.
« Oh vraiment ? » Il est surpris. Quelques secondes à peine. Puisqu’aussitôt sa question posée, Jared s’autorise une nouvelle promenade contre ses courbes. Amusée, Alice le fixe. & elle a finalement autant à offrir à ses yeux. Le chasseur est bel homme. Avec des yeux à se damner. Des bras dans lesquels elle aimerait se perdre, emmitouflée dans une chaleur perdue, qu’elle ne connait plus. Juste ça. Pouvoir sentir ses paumes caresser son dos alors qu’elle s’abreuverait de son soutien.
Elle s’impose toutefois un retour sur Terre, refusant de réaliser une fois encore qu’elle était seule. & que ça ne changerait pas. Jamais. « Tu as l’air surpris. » se contente-t-elle de dire, avant de tremper ses lèvres dans son whisky – beaucoup trop fort pour elle.

« Pourquoi es-tu désolée ? Si je ne voulais vraiment pas de toi à mes côtés, crois-moi que tu l’aurais vite compris. » Elle a du mal à l’imaginer agressif. Mais elle est secrètement heureuse qu’il ne tente pas de la dégager. Ce soir encore, Alice ressent le besoin d’être à ses côtés. Pourquoi lui ? Pourquoi ? Ils ne se connaissent même pas. Jared l’attire, & lui donne cette envie de se salir les ongles à trop gratter sa carapace qui semble si épaisse. « J’ai donc tout mon temps libre de cette nuit rien que pour toi. Si c’est pas merveilleux… » Le serveur apporte un énième verre. Combien de grammes d’alcool a-t-il déjà dans le sang ? « ... La nuit ? Je n’en attendais pas tant mais, je prends. Je crois que dans quelques heures à peine, tu finiras par me faire comprendre que tu ne veux plus de moi à tes côtés. » lance-t-elle, ne pouvant s’empêcher de rire. À défaut d’offrir son corps à n’importe quel mâle de ce bar, Shannon accepte une nuit entière en compagnie d’un homme qui, en un regard, a d’ores & déjà réussi à gagner toute sa sympathie. Elle ignore encore ce que leur réserve ces prochains moments. Mais, quoi qu’il arrive, elle n’en sortira pas indemne. L’attachement aura suffisamment de force pour s’emparer de sa volonté, la forçant ainsi à admettre que Jared risque de devenir... important. Dans sa vie. « Alors ça t’arrive de te promener dans un bar uniquement réservé aux humains ? » Nullement intimidée, Shannon soutient son regard. « Pour être honnête, je suis entrée sans réellement faire attention. Je me laisse guider par mes pas. Le Destin, tu comprends ? » Une nouvelle fois, elle fait référence à cette force supérieure & inexplicable en laquelle elle ne croit pas. Ne croit plus. & puis, elle hausse les épaules, terminant son verre à son tour. &, lâchement, Alice imite son compagnon. & elle commande un second whisky.

« Tu voulais aguicher quelqu’un ? Avec ce genre de robe, c’est généralement ce que l’on souhaite non ? » Partagée entre l’envie de lire dans ses pensées & celle de fuir, Shannon se jette à corps perdu dans le liquide doré apporté par le serveur. Qu’entendrait-elle, si elle avait le pouvoir de se faufiler dans son esprit ? Des horreurs ? Des insanités ? « Ce genre de robe ? Mm, &, d’après toi, quel genre de robe je porte ? » demande-t-elle, sirotant son whisky tout en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle est curieuse, rien de plus. Comment la voit-il ? Une aguicheuse ? Vraiment ? A-t-elle seulement l’allure d’une aguicheuse ? Assise sur son tabouret, elle n’a même pas daigné lancer un simple regard autour d’elle. (Pourtant, ça avait bel & bien été sa première intention.) « En tout cas, le charme opère. » De qui parle-t-il ? D’autres hommes, dans la pièce ? De lui-même ? Ses yeux maquillés tombent dans son décolleté. Ses doigts remontent le tissu plus haut sur ses seins. « Le pire, c’est que ça ne me ressemble pas. » Elle n’apporte aucune justification. Maladroitement, ce ne sont que des explications qu’elle tente de se fournir. À elle-même. « Je crois que je suis seule au point d’être prête à me jeter dans les bras du premier inconnu qui posera ses yeux sur moi. C’est ridicule. » L’ébauche d’un sourire traverse son visage, l’illumine d’une lueur triste & mélancolique. & puis, Alice plonge ses pupilles dans celles de son interlocuteur. « Le charme, il opère sur toi ? » Son but n’est pas de lui ouvrir la porte de chez elle, au cas où la réponse serait positive. Ou, peut-être que oui. Shannon n’en a aucune foutre idée ; pour l’instant, elle a seulement besoin de savoir ce qu’éprouve Jared en la regardant. « Laisse tomber, ne réponds pas à cette question, c’était totalement déplacé de ma part » & maintenant ? Comment lui faire oublier cette interrogation stupide & malvenue ? Elle racla sa gorge, glissant ses doigts fins dans les boucles de ses cheveux. « & toi ? Tu es venu pour quelle raison ? Te souler jusqu’à en oublier ton nom ? Fais attention, si ça arrive, tu seras presque obligé de laisser quelqu’un bousculer tes habitudes. » C’est à leur première rencontre qu’elle fait référence. Ils s’étaient confiés avoir l’habitude de rentrer seuls. S’en souviendra-t-il ? Déchiffrera-t-il le message qu’elle tente de lui faire passer ?

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C’était étrange. Jared n’agissait jamais ainsi avec qui que ce soit. Il ne laissait jamais personne l’approcher. Alors pourquoi elle ? Pourquoi lui répondait-il et ne la rejetait-il pas ? Peut-être parce-qu’elle avait gardé le silence sur sa vraie nature dans ce bar de vampire… Peut-être pour autre chose. Il fut encore plus surpris en l’entendant lui avouer être contente qu’il soit présent. Personne ne disait jamais ça sur son compte. Il était plutôt la personne évitée. Et qui évitait. La solitude était la définition de sa vie. Il n’était dans aucun groupement de hunters. Il le refusait. Alors déjà qu’il refusait le moindre rapprochement même envers un hunter… Un homme ou une femme pouvant se rapprocher de lui par des sentiments ou en amitié, c’était hors de question. Mais Shannon… Elle lui faisait baisser sa garde instantanément. Et c’était mauvais. Il se laissait approcher par elle. Il se laissait presque apprivoiser par elle. Il lui répondait. Il souriait. L’espace d’un instant, il ne ressentait plus cette solitude qui le pesait. « Tu as l’air surpris. » Il y avait de quoi. « A vrai dire, ce n’est pas vraiment le genre de phrase que j’entends régulièrement. » Il sourit. C’était plutôt l’inverse. Moins on le voyait, mieux on se portait. Surtout pour les vampires. Les humains n’étaient pas du genre à vouloir le côtoyer non plus. De toute façon, il ne donnait pas envie d’être approché. Peut-être était-il attirant. Il le savait, il attirait les regards. Mais dès qu’on s’approchait, il refoulait. Il ne voulait pas s’accrocher et ne voulait pas qu’on s’accroche. Et il l’indiqua à la jolie blonde. Si jamais il ne voulait pas de sa présence, il le lui aurait déjà bien fait comprendre. Il confirma que toute sa nuit était libre et qu’elle lui était consacrée. « ... La nuit ? Je n’en attendais pas tant mais, je prends. Je crois que dans quelques heures à peine, tu finiras par me faire comprendre que tu ne veux plus de moi à tes côtés. » Oui, la nuit. Après tout, il avait pris les heures de « vie » des vampires. Il dormait le jour et vivait la nuit. Par contre, il fronça les sourcils malgré le rire de la jeune femme à ses côtés. « Pourquoi es-tu si négative ? Si j’accepte de te parler à nouveau, ce n’est certainement pas pour te faire comprendre ce genre de chose. » Il en était persuadé. Il n’aurait déjà pas supporté leur première entrevue. Or là, il lui parlait de nouveau. Elle n’avait rien à craindre. Aucun rejet de sa part quant à sa personne. Sauf qu’il ne connaissait pas sa vraie nature.

Sa curiosité le poussa à poser une question. Elle qui était du genre à s’arrêter dans des bars réservés aux humains et aux vampires, il trouvait légèrement étrange de la retrouver dans celui-ci, uniquement réservé aux humains. « Pour être honnête, je suis entrée sans réellement faire attention. Je me laisse guider par mes pas. Le Destin, tu comprends ? » Un petit rire passa les lèvres du hunter. Toujours cette histoire de Destin. Pourquoi commençait-il à y croire ? Il y avait tellement de bars à New-York qu’elle avait choisi celui-ci. Celui où Jared se trouvait. Le côté macho et masculin reprenant le dessus, il ne put retenir une remarque sur la robe de la jolie blonde. Enfin, sa remarque était surtout là pour relever le fait qu’elle cherchait sans doute un amusement pour la nuit, une compagnie. C’était surtout cela, une compagnie. Il s’en doutait. Lui l’avait trouvée dans son verre d’alcool. « Ce genre de robe ? Mm, &, d’après toi, quel genre de robe je porte ? » Il daigna tourner son visage vers elle et ne se gêna à nouveau pas pour la regarder, entièrement. Il laissait ses prunelles azur redessiner ses courbes. « Une robe qui attire le regard ? » Il ne serait pas vulgaire. Shannon ne l’était pas à ses yeux. Elle était juste extrêmement attirante. On mettait une robe plus discrète si on ne voulait pas être remarquée. Là, le but recherché était d’être vue et d’attirer quelqu’un. C’était évident. Il l’observa boire son whisky, étonné qu’une femme boive un alcool aussi fort. Cherchait-elle aussi à étourdir un peu son esprit ? Alors que celui de Jared était clairement de boire pour tout oublier. Il rajouta que cela fonctionnait. Il était évident que ce qu’il voyait lui plaisait. Il restait un homme. « Le pire, c’est que ça ne me ressemble pas. » Il haussa un sourcil. « Envie d’être une autre ce soir ? » Parfois, il avait eu envie d’être quelqu’un d’autre. De mener une vie normale, sans contraintes à part un boulot simple. Dans la naïveté que les vampires n’étaient pas forcément tous des monstres tueurs. Cela serait tellement plus facile pour lui. Mais ce n’était pas sa vie. Depuis tout petit il avait été entraîné à tuer ces monstres, ceux qui avaient tué sa mère. Il était né pour ça. La voix de Shannon le sortit de ses pensées. « Je crois que je suis seule au point d’être prête à me jeter dans les bras du premier inconnu qui posera ses yeux sur moi. C’est ridicule. » Il ne quittait pas son visage des yeux. « Cela ne l’est pas. » Il ne dit rien de plus. Pas difficile de comprendre que parfois, cela lui arrivait également. L’espace d’une nuit, se sentir important et attirant pour quelqu’un.

« Le charme, il opère sur toi ? » Il eut un petit sourire au coin des lèvres juste après avoir bu une nouvelle gorgée de cet alcool qui lui engourdissait légèrement les sens. Il allait pour répondre mais elle le devança. « Laisse tomber, ne réponds pas à cette question, c’était totalement déplacé de ma part » « Il opère. » Il n’avait rien à cacher. Il ne le faisait déjà pas en admirant son corps. De plus, l’alcool aidant à délirer les langues. S’il pouvait la faire se sentir mieux en avouant que oui, il était clairement sous son charme, il le disait. Et il le pensait. Seulement Shannon eut envie de changer de sujet. Alors il la laissa faire sans problème. « & toi ? Tu es venu pour quelle raison ? Te souler jusqu’à en oublier ton nom ? Fais attention, si ça arrive, tu seras presque obligé de laisser quelqu’un bousculer tes habitudes. » Le sourire de Jared s’estompa. Elle reportait le sujet sur lui et comme à chaque fois, il avait du mal. Il ne savait pas parler de lui. Il ne parlait jamais de lui. Mais il reprit rapidement contenance. Il ne devait rien montrer. Il ne fallait pas. Sinon il se montrait faible. C’était ce qu’on lui avait toujours appris. Et il s’efforçait de répondre à cet espèce de code. Il refusait de se montrer faible devant qui que ce soit. « Apparemment, je laisse déjà quelqu’un bousculer mes habitudes. » Il regardait droit devant lui et finit par lui jeter un coup d’œil. Il était évident qu’elle bousculait ses habitudes. Rien que par le fait que c’était la deuxième fois qu’ils se parlaient. « Je bois pour oublier le désastreux Hunter que j’ai été ce soir. » Entre autre. Son bras le lançait toujours mais légèrement. L’alcool endormait la douleur. Endormait son cœur. « Je suis venu prendre un verre pour me lamenter sur mon sort et une fois l’alcool ayant fait son effet, j’aurai pu oublier ma condition. Et cette solitude. » Il se tourna pour se retrouver face à elle. « Alors tu vois. Tes intentions premières ne sont en rien ridicules. » Car il était sans aucun doute pire qu’elle à ce niveau. « Le charme doit moins opérer pas vrai ? » Il parlait de lui. Il ne devait plus être si attirant même en tant que personne vu ce qu’il venait de dire. Il termina son verre d’une traite et le reposa sur le comptoir non sans une légère grimace pour que ça passe. Il n’avait pas encore assez bu pour ne plus rien sentir. « Alors… On va rester là toute la soirée à discuter pendant que quelques-uns de ces hommes te veulent clairement mais n’osent rien faire parce-que tu me parles ? Ou bien on sort, on prend l’air, on discute et je te raccompagne chez toi car une aussi jolie femme n’est clairement pas en sécurité dehors avec ce qu’il se passe ? » Il pouvait clairement être entreprenant quand il le souhaitait. Bien que, si elle ne souhaitait pas l’inviter chez elle, il ne dirait rien et rentrerait chez lui. A elle de choisir. Il ne voulait juste plus continuer ce petit jeu devant ces hommes qui ne faisaient que la dévorer du regard comme de vrais prédateurs, sans aucun respect pour elle, pour sa personne.
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La vie n’est qu’un bouquet d’émotions, d’instants. Alors évidemment, il y a des moments doux, des moments forts. & là, en cet instant précis, Shannon est sûre d’avoir rassemblé assez de bonheur pour ses prochains souvenirs. Grâce à la présence de Jared. Avec une douceur imbattable, elle accueille ce moment comme un objet rare. Parce que Jared parvient – sans même le vouloir, sans même le savoir – à réchauffer même la plus froide partie de son cœur. & puis, il symbolise à lui seul ce moment presque magique où, Alice sait qu’elle a une main où glisser la sienne.
Ce soir, ils ne sont plus seuls. Ce soir, ils envoient valser cette putain de Solitude & se liguent contre elle. Quelques heures. À peine. Parce qu’une fois leur chemin à nouveau séparés, l’un & l’autre se replieront sur eux-mêmes. Seuls, face à eux-mêmes. Terrés, dans un petit creux de l’âme. A se dire que tout ira bien, un jour. À lever les yeux vers les souvenirs du passé, les rêves inatteignables, les envies inavoués, les regrets, les douleurs vives & intenses. Noyés dans les larmes qui ne coulent plus. À côtoyer les idées noires, comme Shannon l’a si souvent fait. À se lamenter sur son sort, sans vraiment avoir la force de s’en sortir.
& puis, l’un & l’autre ont d’ores & déjà appris à vivre avec.
« A vrai dire, ce n’est pas vraiment le genre de phrase que j’entends régulièrement. » Comment était-ce juste possible ? « Pourquoi es-tu si négative ? Si j’accepte de te parler à nouveau, ce n’est certainement pas pour te faire comprendre ce genre de chose. » Qu’en serait-il lorsqu’il découvrirait sa véritable nature ? Lorsque ses crocs scintillants s’imposeront dans son champ de vision ? Lorsque son visage sera salement habité par les démons de la nuit ? Sans réellement s’en rendre compte, Shannon secoue sa tête blonde. & elle se hait. Elle se hait si fort de s’être – déjà – attachée, accrochée, à un chasseur. Un putain de chasseur. & dans sa tête raisonne l’évidence : « Il te déteste. Il déteste le monstre que tu es. N’espère même pas devenir son exception. N’espère même pas revoir ses sourires. N’attend que ce pieu, qu’il désirera planter dans son palpitant déjà moisi. » & ça la déglingue. Elle n’aurait jamais dû s’approcher de lui, en sachant que son cœur à la volonté amputée lorsqu’il s’agit de fermer les portes à l’attachement.
Merde.
C’est trop tard.
« Ce n’est pas vraiment le genre de phrase que j’entends régulièrement. » Elle utilise ses mots. Parce qu’une fois encore, ils se ressemblent. Une fois encore, leurs chemins se mêlent.

La curiosité l’attrape. Ses yeux bleus azur la déshabillent, la mettent à nue. Alice se sent nue. &, elle ne saurait dire si ça la dérange. À vrai dire, elle pense aimer ça. Même si la pudeur enroule ses doigts autour de sa gorge, l’empêchant de s’exprimer librement. Non, vraiment, jamais elle n’avouera que, quelque part en elle résonne ce désir d’être observée encore & encore par ces yeux si clairs. « Une robe qui attire le regard ? » Derrière son sourire se cache un flot d’interrogations. Est-il sincère ? Ne l’imagine-t-il pas en véritable salope ? Elle baisse ses yeux, sentant ses joues s’empourprer d’une douce nuance de rose. &, le silence s’impose. Elle ne désire pas renchérir. « Envie d’être une autre ce soir ? » Peut-être. Mais, est-ce toutefois utile ? Ne risque-t-elle pas de se détruire, en tentant de devenir une femme qu’elle ne sera jamais ? À jamais, Shannon restera Shannon. Cette carcasse douce & féline, mais sans vie. Morte. Dans tous les sens du terme. Morte. & quand la réalité la rattrape, quand la réalité lui éclate à la gueule, c’est beaucoup trop violent. Elle ne supporte pas, de ne pas réussir à être une autre. « Mes talents de comédienne sont si pitoyables que ça ? Tu comprends mon jeu tellement vite. » Son jeu d’actrice est sans doute ridicule. Parce qu’ici, n’importe qui pourrait se rendre compte qu’elle n’est pas ce que reflète son enveloppe. Cette robe. Cette attitude. Ce n’est pas Alice. « Cela ne l’est pas. » Alors, lui aussi ? Elle sourit. Elle avait compris son message.

« Il opère. » Une douce chaleur se répand dans son ventre, la poussant à se sentir... heureuse. Un sourire prend place sur son visage, & Shannon tourne son visage vers Jared. Elle est touchée.
Son amour lui rappelait toujours qu’elle était la plus belle femme que cette terre avait portée. Qu’aucune autre femme n’aurait pu faire chavirer son cœur. Elle ne l’avait jamais cru. &, encore aujourd’hui, elle se pose la question : Que lui trouve-t-il ?
Peut-être, que l’alcool est responsable de ses tendres paroles.
« Je bois pour oublier le désastreux Hunter que j’ai été ce soir. » Une fois encore, Shannon réalise que Jared est né pour tuer les vampires. Né pour la tuer, elle. « Je suis venu prendre un verre pour me lamenter sur mon sort et une fois l’alcool ayant fait son effet, j’aurai pu oublier ma condition. Et cette solitude. Alors tu vois. Tes intentions premières ne sont en rien ridicules. » Insinue-t-il qu’il est venu dans ce bar, moralement prêt à bousculer ses habitudes en acceptant de ne pas rentrer seul ? Shannon pose ses yeux sur lui, le dévisage peut-être un peu, s’affiche certainement un peu surprise.
Elle le sait rongé par la Solitude. Mais elle ne soupçonne pas qu’il puisse être autant... comme elle. Tant de ressemblances les étreignent. Les rapprochent, sans qu’ils n’aient le temps de le réaliser. « Le charme doit moins opérer pas vrai ? » Pourquoi ? Parce qu’il a ses faiblesses ? Parce qu’ils ne sont pas tant différents ? Elle se tourne totalement vers lui, pivotant son buste dans sa direction. Ses genoux cognent ses cuisses durant la manœuvre, alors Alice s’excuse en lui adressant un petit sourire, la mine confuse. « Il en faudra beaucoup plus, Jared, pour que le charme n’opère plus »

Il termine son verre, d’une traite. « Alors… On va rester là toute la soirée à discuter pendant que quelques-uns de ces hommes te veulent clairement mais n’osent rien faire parce-que tu me parles ? Ou bien on sort, on prend l’air, on discute et je te raccompagne chez toi car une aussi jolie femme n’est clairement pas en sécurité dehors avec ce qu’il se passe ? » Elle est surprise, Alice. Alors, comme une enfant, elle se met à rire. Mais ça n’a rien d’un rire moqueur. Non. C’est un son joyeux & enjoué qui s’échappe de ses lèvres rouges passion, rouge sang. &, sans accorder de réponse concrète, la jeune femme se redresse & abandonne son tabouret – en plus de quelques billets pour régler leurs consommations. « Mon choix est tellement évident. » souffle-t-il avant d’enfin quitter le bar, aux côtés de Jared. « Pourquoi dis-tu que tu as été un chasseur déplorable, ce soir ? » Elle se souvient de ses mots, devient curieuse à son égard. Mais, il n’est aucunement obligé de se confier. « Je suis persuadée que tu ne serais pas si seul si tu t’accordais un peu plus de temps. Si tu oubliais, le temps de quelques heures, que tu es né pour chasser des vampires » Malgré leurs ressemblances, Shannon est persuadée qu’il pourrait avoir tellement de monde à ses côtés, s’il ne s’enfermait pas dans cette spirale infernale. « Mais, j’ai l’impression que c’est un autre problème. J’ai l’impression que tu te refuses le droit de t’attacher. » Contrairement à elle, finalement. Malgré tout, elle a besoin de quelqu’un. Elle a juste le désagréable sentiment que personne n’est volontaire pour endosser ce rôle.
Ses talons hauts claquent sur l’asphalte. Tous les deux se dirigent inconsciemment vers l’appartement de la jeune femme. « & si, si je t’invite à entrer chez moi, tu accepterais ? »

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Le hunter se laissait sans aucun doute bien trop aller avec la jeune femme. Il devrait faire attention à ne pas autant baisser sa garde. D’apparence, cela ne se voyait pas. Mais dans sa façon de répondre, cela se ressentait. Il répondait à la jeune femme, affirmait qu’il appréciait lui parler. Ce qu’il n’aurait jamais dû faire bien évidemment. Mais avec elle, Jared n’était pas lui-même. La preuve, il lui parlait pour la seconde fois. Il ne parlait jamais à une personne deux fois de suite. Surtout avec envie. Si jamais il était amené à recroiser une personne, il faisait toujours comme s’il ne se souvenait pas de la première rencontre. Enfin, quand il s’en rappelait. Mais là, c’était différent. Il avançait qu’il s’en souvenait mais qu’en plus de cela, il appréciait la revoir. Car elle comblait la solitude qui le pesait depuis toujours. Elle en comblait une partie en tout cas et il ne saurait dire pourquoi. Sans doute parce-qu’ils se comprenaient et se ressemblaient plus qu’il ne voudrait jamais l’admettre. « Ce n’est pas vraiment le genre de phrase que j’entends régulièrement. » Il haussa un sourcil puis l’ombre d’un sourire se dessina sur ses lèvres. Sa répartie ? Il l’adorait. Il avait l’impression qu’elle avait tout de suite saisi sa façon d’être. Alors il répondit avec la simplicité même et une certaine retenue pour ne pas l’insulter ou qu’elle se sente insultée. C’était clairement une robe qui attirait les regards. Elle ne l’avait pas mise pour passer inaperçue, c’était évident. Mais il ne la jugeait pas. Une jeune femme aussi jolie qu’elle se devait de se montrer aussi jolie. « Mes talents de comédienne sont si pitoyables que ça ? Tu comprends mon jeu tellement vite. » Il sourit légèrement en coin. Il ne la savait pas comédienne. Il la comprenait, simplement. Rien de plus. « Peut-être que c’est parce-que je joue ce jeu parfois. » Souvent. Il n’était qu’un visage impassible. Froid. Seulement dans le fond il n’était pas comme ça. Il était blessé et usé par sa vie. Pourtant il n’était pas vieux mais cette vie de hunter le fatiguait. Son corps portait les stigmates de ses combats. Il avait le droit à une nouvelle cicatrice aujourd’hui. Parfois il voulait tout lâcher mais pour faire quoi, pour quelle vie ? Il était né pour ça. Alors il ne ferait que ça de toute sa vie. Il chasserait, serait constamment en danger.

Et il ne cacha pas non plus l’attirance qu’il pouvait avoir pour elle. Elle était belle. Très belle. Et il ne cachait pas ses regards sur elle. Mais voilà, elle avait relancé la conversation sur lui. Ce qu’il détestait par-dessus tout. Maos avec elle, il parlait, il discutait, il parlait de lui. Pourquoi ? Il n’en savait rien. Il ne se sentait pas non plus en confiance mais il parlait. Et il lui avoua qu’il était ici pour oublier sa condition, sa vie, sa solitude un instant, pendant quelques heures, dans les bras d’un ou d’une inconnue. Leurs ressemblances étaient frappantes. Ils se comprenaient bien plus qu’ils ne le pensaient. Et comme à chaque fois, il tentait de ne rien laisser paraître en balançant une de ses phrases dont il avait le secret. Du coin de l’œil, il la vit se tourner vers lui. Il tournait la tête il pouvait lui faire face. « Il en faudra beaucoup plus, Jared, pour que le charme n’opère plus » Ainsi donc, tous deux venaient de clairement avouer leur attirance pour l’autre. Maintenant que c’était dit, que les mots étaient prononcés, ils allaient continuer à se parler ainsi et se quitter comme l’autre fois ? Au fond, il ne le souhaitait pas. Car avec elle, il ne jouait pas. Il restait lui-même. Elle connaissait sa condition et il ne faisait pas semblant. Il ne voulait pas que ça finisse comme l’autre fois. Alors il prit les choses en main et se décida à bousculer ce destin dont elle aimait évoquer le nom. Il termina son verre comme pour se donner du courage. Pourtant il en avait à chaque fois qu’il devait combattre, qu’il devait tuer. Mais quand il s’agissait de relations sociales, celui-ci semblait se faire la male. Il se sentait en-dessous de tout à ce sujet. Il avait toujours été mis à l’écart des autres depuis son plus jeune âge. « Te lier avec les autres est dangereux. » Voilà le conseil de son père qui lui revenait le plus en tête. Il lui avait toujours répété ça. La preuve en était avec sa sœur, son unique faiblesse.

L’alcool aidant, il demanda clairement ce qu’il se passerait par la suite. Le rire de Shannon s’éleva. Et une légère chaleur se répandit dans le cœur de glace du chasseur. Elle réchauffait l’atmosphère par son rire. Il n’en était pas du tout offusqué. Qu’on se moque de lui ou non, il s’en fichait pas mal. Par contre, il fut surpris de la voir se lever aussi vite de son tabouret. Elle décidait de partir seule ? Elle allait rejoindre l’un des autres hommes du bar ? Les billets sur le comptoir indiquent qu’elle paye également son verre. C’était un signe. Cela montrait bien qu’elle comptait au moins faire un petit bout de chemin avec lui. « Mon choix est tellement évident. » Ils quittèrent rapidement le bar, Jared appréciant ne plus avoir le regard de ces hommes sur eux. Il avait eut l’impression de toucher à leur précieuse petite chose durant ces quelques échanges de conversation. Il détestait cela. Elle attirait les regards et les convoitises. Mais cette nuit, c’était lui qui allait marcher un petit bout de chemin en sa compagnie. « Pourquoi dis-tu que tu as été un chasseur déplorable, ce soir ? » Il avait déjà sorti une cigarette et l’allumait en entendant ces mots. Il expira calmement la fumée tout en commençant à marcher à ses côtés. « Pour ça ? » Il leva sa manche après avoir coincé sa clope entre ses lèvres. Il y avait encore du sang séché sur sa peau et la bande était toujours autour de sa blessure. Il ne l’avait même pas désinfectée ou autre. Il avait simplement mis un bandage, rien de plus. Pas besoin d’en dire plus. Elle devait avoir compris que ce soir, il n’était pas ressorti glorieux de son combat et qu’il était parti boire pour oublier son échec. « Je suis persuadée que tu ne serais pas si seul si tu t’accordais un peu plus de temps. Si tu oubliais, le temps de quelques heures, que tu es né pour chasser des vampires » Il se contentait de fumer tout en marchant. Il appréciait ce petit moment même si la conversation tournait autour de lui.

« Je l’ai oublié. Dès que tu t’es installé à mes côtés. » Il avait beau parler de son « travail » avec elle, il n’avait pas l’impression d’être enfermé là-dedans. Il n’alla pas jusqu’à lui demander si elle allait continuer à lui faire oublier tout ça cette nuit. Il s’abstint. Peut-être que là il se montrerait un peu trop insultant. « Mais, j’ai l’impression que c’est un autre problème. J’ai l’impression que tu te refuses le droit de t’attacher. » Bingo. Il était si transparent que cela ? Il soupira. C’était sans doute le sujet dont il appréciait le moins parler. Dont il ne parlait jamais. « On m’a toujours dit de ne jamais m’attacher, que c’était une faiblesse vu ce que je fais. Et c’est vrai. » Il en avait eut la preuve en voyant son père s’effondrer lorsque sa mère s’était faite tuer par un vampire. Mais ça, il se retint de l’évoquer. Il ne voulait pas le revivre. C’était bien trop douloureux. Lui, si hermétique à tout sentiment ne souffrait que de deux choses aujourd’hui : la mort de sa mère et la transformation de sa sœur. Alors il resta dans ses pensées, tentant de les enfermées dans un coin de son esprit pour qu’elles n’en sortent plus. Il ne voulait pas revivre ces moments difficiles. La voix de la jeune femme le sortit de ce moment d’isolement. « & si, si je t’invite à entrer chez moi, tu accepterais ? » Il fut d’autant surpris. Tout d’abord par son hésitation, elle qui se montrait pourtant sûre d’elle. Il avait l’impression de la connaître depuis longtemps alors que ce n’était que la deuxième fois qu’il la croisait. « J’accepterais. » C’était très clair. Jared accepterait de se perdre avec elle pendant quelques heures. Rien que par une longue discussion. Il ne cherchait pas forcément plus bien que ses prunelles azur redessinaient les courbes du corps de la jolie blonde qui marchait à ses côtés. Et au final, sans se rendre compte, ils arrivèrent dans la rue où se trouvait l’appartement de Shannon. Jared reconnut cette rue. Il connaissait la ville par cœur à force de l’arpenter chaque nuit. Il arrivait à la fin de sa cigarette. Comme à la fin de ce petit moment entre eux. « Et donc ? Tu m’invites ? Ou je rentre ? » Encore une fois, il se montrait direct. Toujours trop. Mais cela faisait partie de son caractère et il ne changerait jamais, pour personne. Il écrasa son mégot par terre avec sa chaussure et croisa le regard de Shannon. A elle de décider. Il ne serait en rien offusqué si jamais elle lui disait de rentrer.
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Shannon a l’impression d’être lacérée par la douleur de Jared. Elle pourrait sans mal être détruite par sa peine, se rappelant ainsi combien elle pouvait être humaine. Mais elle ne l'est plus. Elle n'est plus qu'une dégueulasse créature de la nuit. Une créature que Jared désirera sans doute achever au moment même où il découvrirait la vérité à son sujet. « Peut-être que c’est parce-que je joue ce jeu parfois. » Ses lèvres s'étirent en un malicieux & timide sourire, tandis que ses yeux fixent le sol. Elle se donne des airs timide, sans même en ressentir le moindre effet. Dans la tête de la blonde tournent les images d'un Jared seul & piqué par le désir soudain d'être deux. D'être caressé par des paumes délicates, de recevoir une montagne de baisers aériens, une rafale de baisers passionnés, une piqure de bonheur, l'illusion de ne plus être enveloppé dans une couverture de solitude.
« Il faut être deux pour jouer, en général. » Elle ose indirectement demander s'il insinue avoir déjà pensé à jouer ce jeu avec elle. Ses joues s'empourprent légèrement. & puis, Alice décide de quitter le bar en sa compagnie. Parce que, finalement, que risque-t-elle ? Elle rêve d'un instant en tête à tête avec ses attentions, avec ses regards qui la déshabillent. Elle ne demande pas de grandes histoires d'amour. Elle n'est pas naïve. Jared n'est pas un homme qui pourrait s'intéresser à elle sur du long terme. C'est un écorché vif. & les écorchés vifs ont des cicatrices qu'elle ne peut panser.
Ainsi donc, la vampire tourne ses interrogations sur ce que Jared a pu dire, avant. Au sujet de son instant de chasse écourté. &, il illustre parfaitement sa réponse. « Pour ça ? » Alice pose son regard sur la blessure de son ami, ses yeux sont maintenant cachés par un flot de cils maquillés. & une grimace tord délicieusement sa bouche rouge & pulpeuse. « Jared, je n'aime pas l'idée que tu risques ta vie comme ça... » Elle a laissé son côté plaisantin dans un coin, se montrant - à ce sujet - des plus sérieuses. Pourquoi a-t-elle si peur de le perdre ? Pourquoi craint-elle si fort de recevoir un jour une terrible nouvelle ? Tellement de chasseurs ont vu leur vie s'échapper, aspirée par les crocs des vampires. Jared devrait être plus prudent. &, il devrait également oublier, de temps en temps, qu'il est né pour tuer ces êtres anormaux. « Je l’ai oublié. Dès que tu t’es installé à mes côtés. » Faible, sous le charme & plus que jamais touchée, Shannon aurait pu se jeter à son cou, & fondre ses lèvres contre les siennes. Ça aurait été sa façon de le remercier pour tout ça, pour ses mots, leur relation. & même si ce n’est pourtant que trois fois rien, ça compte d’ores & déjà tellement pour elle. Personne ne l’a regardé ainsi depuis très longtemps. Elle ose lui sourire, s’approchant suffisamment pour que leurs épaules s’entrechoquent. La vampire le pousse de façon taquine. Mais aucun son ne sort de sa bouche. Pas encore. « On m’a toujours dit de ne jamais m’attacher, que c’était une faiblesse vu ce que je fais. Et c’est vrai. » Il a l’air si sûr de lui. Comment lui faire penser le contraire ? Comment lui prouver le contraire ? Shannon secoue la tête. Elle ne s’est jamais sentie faible en étant amoureuse, en étant attachée à quelqu’un. Mais, elle ne connait pas son histoire personnelle, alors elle ne le jugera pas. « Tu l’as déjà vécu ? Je veux dire, on te l’a toujours dit, mais est-ce que toi, tu l’as vécu ? » demande-t-elle, alors que ses pas se rapprochent de son domicile.

Devant la bâtisse de son appartement, Shannon s’arrête. Ses yeux papillonnent. & elle ose interroger Jared sur la suite de leur soirée. « J’accepterais. » Il arrive à la fin de sa cigarette. Mais avant cela, la jeune femme la lui prend des doigts en un geste aérien & contrôlé, portant ensuite le filtre jusqu’à ses lèvres recouvertes d’un rouge à lèvres plus vif que jamais, & aspirant finalement le poison. Elle ne l’a pas quitté des yeux. & en lui rendant enfin ce qui lui appartient, Shannon lui adresse un clin d’œil. « Et donc ? Tu m’invites ? Ou je rentre ? » Dès qu’elle quitte son petit nid, la jeune femme s’assure qu’il ne traine aucun désordre. Pas l’ombre d’une poche de sang sur le sol, pas de tâche non plus. &, puisqu’elle s’évertue à rester le plus humaine possible, son appartement se doit d’être digne & à l’image d’une demoiselle de son âge. Jared ne découvrira pas sa condition. Pas ce soir. « Je t’ai déjà invité, alors entre... » Elle lui ouvre la porte & le laisse entrer avant de l’imiter. Elle abandonne sa veste cintrée aux bras de son porte-manteau & se tourne vers son invité. « Mets-toi à l’aise, Jared. Est-ce que tu juges avoir assez bu, ou je peux te proposer autre chose à boire ? » Un tendre sourire étire ses lèvres avant qu’elle ne se retourne, ses cheveux se balançant soudainement sur son épaule, & disparaisse dans une autre pièce. Elle reste à l’écoute, au cas où Jared désirerait quelque chose à boire.
« Ok, déshabille-toi », lance-t-elle en faisant à nouveau son apparition dans la pièce. & puis, se rendant compte que ses mots peuvent porter à confusion, elle sent ses joues s’empourprer violemment. « Enfin, montre-moi ton bras. Il faut désinfecter ça, c’est vraiment pas beau à voir » D’un geste assuré, Shannon dépose le produit désinfectant ainsi que le coton sur le canapé, & elle tapote à côté d’elle, invitant Jared à la rejoindre. « Tu devrais définitivement laisser les gens entrer dans ta vie. Rien qu’une petite femme pour soigner tes blessures » Elle rit. Ils n’étaient plus des enfants. Jared comprendrait donc sûrement qu’Alice ne parlait pas forcément d’amour. Simplement d’une relation forte, basée sur la confiance & l’entraide. Une relation qui ne s’explique pas. Peut-être qu’au fond, la jeune femme espérait mériter une petite place dans sa vie.

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Jared ne savait pas encore pourquoi il se laissait avoir par elle, par sa présence, par sa compagnie. Il ne savait pas quel pouvoir elle avait sur lui. Mais il se laissait corrompre. Il baissait sa garde. Deuxième fois qu’il la voyait et il avait parlé avec elle de ses états d’âme bien plus qu’avec n’importe qui. Bien plus qu’avec sa propre sœur. Il ne savait pas quelle sorte de magie, quelle sorte de pouvoir Shannon pouvait avoir sur lui. Mais il se laissait envoûter avec délice ce soir. Cette nuit, il avait besoin de compagnie. Cette nuit, il avait décidé qu’elle serait la sienne. Mais, était-ce réciproque ? Le hunter était certain que oui. Sinon, la jeune femme aurait jeté son dévolu et son attention sur un autre que lui présent dans ce bar. « Il faut être deux pour jouer, en général. » En effet, il fallait être deux. Et ce soir, ils l’étaient. Un très infime sourire se dessina au coin des lèvres du hunter. Il avait compris où elle voulait en venir. Elle devait avoir compris ce qu’il attendait et ce qu’il pensait. Il ne prit pas la peine de répondre. Il le ferait sans aucun doute par la suite en étant direct, comme il l’avait toujours été. A ce niveau, il ne pensait jamais aux conséquences de l’après. Il profitait juste de l’instant. Il ne voulait, de toute façon, pas de relation à long terme. C’était bien trop risqué avec la vie qu’il menait. Il ne mentait jamais. Il en profitait mais ne promettait jamais un après. Alors qu’ils marchaient côte à côte dans l’air frais de la nuit, elle lui demanda quelques explications. Il aurait pu lui balancer que cela ne la regardait pas. Au fond, cela ne la regardait pas. C’était ce qu’il répondait à quiconque lui posait cette question. Ces combats, ces blessures ne concernaient que lui. C’était son histoire et celle de personne d’autre. Mais une fois de plus, cette nuit, il changeait la donne. Il lui parlait. Il se dévoilait. Il lui montra sa blessure. Une parmi tant d’autres. Mais là encore, le sang était toujours visible. « Jared, je n'aime pas l'idée que tu risques ta vie comme ça... » Il rabaissa sa manche et reprit une taffe de sa cigarette. Un petit rire s’échappa de ses lèvres, tentant de détendre l’atmosphère malgré le sujet. « Tu t’inquiètes ? » Il trouvait l’idée mignonne. Mais ce n’était pas bon. Si elle s’inquiétait, cela signifiait qu’elle s’attachait. Et ça, il était contre.

Par contre, il avoua tout autre chose. Il avoua qu’à ses côtés, il oubliait sa condition de chasseur, de tueur. Elle avait cet autre pouvoir sur lui. Il oubliait tout le reste sauf elle. Comment ? Pourquoi ? Il n’en savait rien. Mais le charme agissait bel et bien. Il la vit sourire. Et ça lui fit plaisir. Pourtant, jusqu’ici, la seule qu’il souhaitait voir sourire était sa petite sœur. Mais aujourd’hui, Shannon était la deuxième personne qu’il voulait voir heureuse. Il sourit légèrement alors qu’elle poussa son épaule. Il la trouvait amusante à réagir ainsi à chacune de ses paroles. Mais il mit une nouvelle fois, une chose au clair. Il ne pouvait pas continuer ainsi sans, encore une fois, parler clairement de ce dont on l’avait toujours mis en garde. Les sentiments, l’attachement… Tout ceci ne pouvait qu’être une faiblesse vu sa condition. Et il en avait eu la preuve. Avec sa mère. Puis sa sœur. Surtout avec sa sœur puisque cette dernière avait subi la pire chose possible à cause de ses actes. « Tu l’as déjà vécu ? Je veux dire, on te l’a toujours dit, mais est-ce que toi, tu l’as vécu ? » Il se pinça les lèvres, se refermant un peu. Car répondre à cette question signifiait à nouveau souffrir en pensant à tout ce qui était arrivé. « Ma mère était la faiblesse de mon père. Elle a été tuée par un vampire. Et ma sœur était ma faiblesse. Elle… » Il marqua une pause. Que dire ? La vérité ? Ou dire qu’elle était tout simplement morte elle aussi. Ce qui, dans un sens, était le cas. « Pour lui faire payer une de mes fautes, ils en ont fait l’un d’entre eux. » La pire chose pour un hunter. Et il l’avait dit. Pourquoi lui mentir alors que, jusqu’ici, il ne l’avait jamais fait ? Autant tout lui dire et ne pas se retrancher sur lui-même. Après tout, cette nuit, pas mal de choses étaient différentes. Rien que par le fait qu’il se laissait à nouveau approcher par Shannon. Il soupira alors qu’ils arrivaient enfin devant chez la jeune femme. Il n’avait pas vraiment envie de rester sur ce sujet. Ce soir il voulait surtout oublier tout ça et palier sa solitude. Il ne voulait pas se confier. Alors il avoua qu’il accepterait son invitation. Sans hésitation. Il avait clairement envie de plus avec elle et ne le cachait pas. Il l’observa alors qu’elle prit sa cigarette pour en tirer une dernière taffe avant de la lui rendre. Il avait arrêté son regard sur ses lèvres rouges autour de sa cigarette. Il les trouvait si tentantes. Alors il pressa la décision en lui demandant s’il devait partir ou non. Il laissa tomber le mégot de sa cigarette à terre et l’écrasa doucement. « Je t’ai déjà invité, alors entre... »

Et le hunter entra enfin. Il observa aussitôt le milieu dans lequel la jeune femme vivait, évoluait. Sa voix le sortit de sa contemplation et il donna un petit coup d’œil à Shannon. « Mets-toi à l’aise, Jared. Est-ce que tu juges avoir assez bu, ou je peux te proposer autre chose à boire ? » Il retira son manteau et le déposa sur le canapé. « Je veux bien un verre. Ce que tu as, je ne suis pas compliqué. » Il ne voulait pas en arriver à avoir trop bu pour ne pas rester maître de ses actes. Mais il avait besoin d’encore un peu d’alcool pour endormir ses derniers sens encore à l’affût. Il la suivit du regard pour la voir disparaître dans une autre pièce. Il continua donc l’observation de son logement. « Ok, déshabille-toi » Il haussa un sourcil, un peu encore sous le coup de la question. Elle était si directe que ça ? Mais en observant son visage, il comprit que c’était tout autre chose qu’elle voulait en fait dire. « Enfin, montre-moi ton bras. Il faut désinfecter ça, c’est vraiment pas beau à voir » Il secoua la tête en souriant légèrement. « T’es pas obligée de faire ça. Ni de reprendre ce que tu dis alors qu’on risque d’en arriver là. » Il ne cachait toujours pas ses intentions. De toute façon, en le faisant entrer, la jeune femme savait parfaitement à quoi s’attendre. Il releva sa manche pour laisser apparaître sa blessure. Le sang avait séché mais la blessure était vilaine et lui lançait encore un peu. Mais en relevant sa manche, il laissa également apparaître les autres cicatrices, traces de ses combats passés. Il alla s’installer à ses côtés et lui présenta son bras puisque, avec ou sans son accord, elle allait le soigner. « Tu devrais définitivement laisser les gens entrer dans ta vie. Rien qu’une petite femme pour soigner tes blessures » Son rire flotta dans la pièce. Il lui tendit son bras qu’elle commença à soigner. Il ne quittait pas son visage du regard. Il redessinait chacun de ses traits. Il appréciait l’arrête de son nez, ses fines lèvres rougies par son maquillage, ses longs cils. Il ne se gênait pas pour la détailler. « J’le fais. T’es ma petite femme pour la soirée. » Sa voix était moins rude que d’habitude. Il ne sentait même pas la douleur sur son bras quand elle le désinfectait. Il disait également clairement que cela s’arrêterait là après. Il n’était pas du genre à continuer par la suite. Normalement. Il vivait l’instant présent puis, par la suite, sa vie revenait à la normale. Il ne regardait pas ce qu’elle faisait. Il ne regardait qu’elle. Son bras se leva, ses doigts venant frôler sa joue pour qu’elle tourne le visage dans sa direction et que leurs yeux se croisent. Il ne dit rien durant quelques secondes, plongeant simplement dans ses yeux. Il adorait cette sensation. Ses doigts caressèrent sa joue. « On oublie le verre… » Il rapprocha son visage du sien et déposa ses lèvres sur celles toujours aussi rouges de la jolie blonde. Il appuya doucement contre. Habituellement il se montrait brusque, pressant, égoïste. Mais pas cette nuit. Il n’en ressentait pas le besoin. Il l’avait dit. Il la laissait entrer dans sa vie.
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Shannon est prête à prendre tout de Jared. & elle ne laisse rien de ce qui ne va pas.
Même s’il refuse de s’attacher, même s’il n’éprouve jamais rien pour elle, ni même l’ombre d’un début d’amitié. Il n’est peut-être pas facile à vivre, pas facile à cerner. Mais, elle est décidée à faire un pas vers cet homme. Cet homme si seul. Cet homme qui a pourtant besoin de quelqu’un. Comme elle.
Ça lui fait mal, sans qu’elle ne puisse l’expliquer. Ça lui fait mal de le voir si seul. Si renfermé. Elle voudrait lui dire de se remettre à parler, à rire, à pleurer, à regarder. Regarder les autres. Sans tricher.
Bon sang, qu’il se mette à sourire, à vivre, ressentir, raconter. Raconter des morceaux de lui. Des souvenirs même douloureux. Pourvu qu’il s’ouvre. Pourvu qu’il soit lui-même.
Mais. À peine Shannon a-t-elle mis le doigt sur des fragments de son passé, qu’il se ferme, & tire les traits de son visage. Elle tient bon, toutefois. Jared lui fera confiance. Un jour. « Ma mère était la faiblesse de mon père. Elle a été tuée par un vampire. Et ma sœur était ma faiblesse. Elle… » Son cœur se tord douloureusement dans sa poitrine, hurle sa détresse, hurle pour que cette douleur cesse. Elle ressent si fort la peine de Jared. Parce qu’elle a vécu la même lorsque l’homme de sa vie a été violemment assassiné, au même titre que son petit garçon. Elle ressent la peine. Pourtant, elle reste silencieuse. Elle n’est pas prête à lui dévoiler ses chagrins les plus intenses. « Pour lui faire payer une de mes fautes, ils en ont fait l’un d’entre eux. » Sa voix est noire. &, il n’y a pas que son corps, qui est atteint de bleus. Jared a aussi des bleus à l’âme. Shannon tourne le visage, tente de capter son regard afin d’y plonger complètement, à corps perdu, à cœur perdu. « Je suis désolée » Le temps n’est pas aux confidences. Jared n’est pas ici pour ça. Mais, auront-ils, un jour, l’occasion de se confier ? Car, que se passera-t-il lorsqu’ils se sépareront, dans quelques heures ? Que deviendront-ils ?

C’est trop tard pour y penser davantage.
Shannon lui ouvre la porte de son appartement. & il y pénètre immédiatement. « Je veux bien un verre. Ce que tu as, je ne suis pas compliqué. » D’abord, la jeune femme disparait dans la salle de bain, & n’en ressort qu’après avoir les disques de coton ainsi que le désinfectant entre les mains. Elle était de nature inquiète, protectrice & maternelle. Tout ça grâce son ancienne vie de maman. Certains réflexes ne s’envoleront jamais.
Confuse, elle écorche les mots. Les joues rouges, elle s’empresse de se corriger. Alice n’est pas si directe. Elle a besoin de tendresse, de douceur, de caresses. &..., merde, ses pensées lui font d’ores & déjà croire que, tôt ou tard, leurs corps ne formeront plus qu’une seule & même personne. « T’es pas obligée de faire ça. Ni de reprendre ce que tu dis alors qu’on risque d’en arriver là. » Visiblement, leurs pensées se rejoignent. Jared semble si sûr de lui. &, Shannon penser aimer ça. Sentir le désir dans son regard. L’envie au bord de ses lèvres.
Sage & le visage baissé, un sourire s’empare de sa bouche pulpeuse & toujours aussi rouge. Elle le désire tellement fort que ça blesse, là, quelque part dans son corps. Elle ne saurait expliquer ce qui se passe, ce qui la traverse. Mais ce soir, elle ne se posera pas de questions. Ou peut-être juste un minimum, puisque c’est ainsi qu’elle fonctionne. « J’ai terminé, tu vois, ça ne m’a pas pris énormément de temps & ça t’évitera une mauvaise infection. » Sa plaie est propre. Shannon ne peut cependant s’empêcher de la fixer. À moins qu’elle ne cherche simplement qu’à éviter ces yeux qui la déshabillent. Elle n’est pas gênée. Elle a juste perdu l’habitude d’être le centre d’attention d’un homme. « J’le fais. T’es ma petite femme pour la soirée. » Lui qui a toujours été direct affirme cette fois subtilement qu’après cette soirée, Alice ne sera plus considérée comme sa « petite femme ». Des millions de questions envahissent son esprit, tandis qu’elle continue de tapoter le coton imbibé sur la vilaine plaie du chasseur. Bordel, elle n’est pas censée s’interroger.
& pourtant.
Ne devrait-elle pas repousser cet instant où leurs corps se feront l’amour ? Juste pour avoir le droit de passer d’autres soirées en sa compagnie ?
Elle a peur qu’il change, qu’il ne soit plus le même, après avoir pris possession d’elle. Pire encore, qu’il ne veuille tout simplement plus lui accorder un peu de son temps libre. Elle voudrait lui demander. ‘Est-ce que tu es ce genre d’homme à fuir au petit matin en laissant une femme endormie, seule ?’ ou ‘Est-ce que les choses vont changer ?’. Mais les mots meurent dans sa gorge. &, c’est trop tard. Les doigts de Jared frôlent sa joue, leurs yeux se croisent, se noient les uns dans les autres. « On oublie le verre… » Son souffle tiède contre ses lèvres. L’odeur de cigarette bien vite oubliée. Deux respirations jointes par une douce communion. & ce sont leurs bouches qui se touchent. Leurs lèvres qui apprennent à se frôler, s’embrasser. Avec une douceur indéniable, Shannon relâche le bras amoché de son futur amant, & le sent se reposer contre sa cuisse.
Elle l’embrasse. Ses lèvres rouges passion se referment autour de sa lèvre inférieure. & sa paume délicate remonte peu à peu le long de son bras, son épaule puissante, son cou, sa joue habillée d’une fine barbe. « Je prends mon rôle de petite femme très à cœur, tu vois ? » Shannon a toujours été ce genre de nana, de toute façon. Elle a pris soin de son corps abimé. & elle soulagera bientôt son corps/cœur, de toute cette solitude qui l’étouffe. &, elle serait capable de lui préparer son petit-déjeuner (s’il est encore dans l’appartement au lever du soleil).

Mais, pour le moment, ses doigts s’accrochent à sa veste. & Alice la descend délicatement le long de ses épaules, avant de finalement l’en débarrasser. « Viens... viens. » souffle-t-elle en enroulant ses doigts autour de son poignet. Elle n’a pas envie de s’envoyer en l’air sur ce canapé inconfortable.
Donc, Alice se lève, perchée sur ses hauts talons. L’entraine derrière elle, la démarche aérienne & gracieuse.
C’est la chaleur de sa chambre qui les ensorcèle à présent. &, le dos appuyé contre le mur, Shannon attire le corps puissant de Jared contre son corps de femme. Ses bras se nouent autour de sa nuque, & ses lèvres capturent les siennes. Tendrement. Puis langoureusement. & ses yeux se ferment, lui donnant ainsi l’impression que ses sensations sont décuplées. Plus intenses.
Son dos se cambre.
Son ventre, & sa poitrine s’écrasent contre son torse. & ses mains coquines se détachent de son cou, glissent contre ses pectoraux, devinent une musculature divine, descendent plus bas. Toujours plus bas. & elle se débarrasse de son t-shirt – qui termine sa course sur le sol dépoussiéré. « Est-ce que... le reste est tout aussi impressionnant que ton torse ? » demande-t-elle en souriant, malicieuse, sa lèvre inférieure mordue. « Je viens de penser à voix haute, c’est ça ? »
Elle n’a étonnamment pas de mal à contenir ses envies de sang. Même quand elle attaque son cou d’une multitude de baisers. Même quand elle sent ses veines qui pulsent contre sa bouche. Même quand elle se cambre à nouveau contre lui. Même quand la chaleur de son buste se répand contre ses seins, contre son ventre.
Shannon n’a faim que de son corps tatoué de douleur.

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Jared L. Turner & S. Alice Rosenberg

Pourquoi s'excusait-elle ? Shannon n'avait pas à être désolée. Elle n'avait pas créé ces situations. Elle n'avait pas tué sa mère ni transformé sa sœur. Le Hunter ne répondit rien. De toute façon, il ne voulait plus en parler. Il l'avait déjà bien trop fait. Il s'était déjà bien top dévoilé à la jeune femme. Et ça l'effrayait plus que jamais. Il ne se laissait jamais aller ainsi. Même pour réussir à coucher avec quelqu'un, il n'allait jamais à la confidence. Pourquoi avec elle cela semblait si facile ? Parce-qu'ils se ressemblaient, sans aucun doute. Vu leur douleur et leur solitude communes, Jared avait en quelques sortes trouvé un alter ego féminin en Shannon. Toujours était-il qu'il était entré chez elle et ce n'était pas simplement pour boîte un verre. Tous deux avaient parfaitement conscience de leur attirance réciproque. De cette attirance qui les rongeait de l'intérieur. Cette envie de ne plus être seul. De se perdre avec quelqu'un d'autre. Une nuit. Juste une nuit. Avoir cette illusion qu'une personne nous attendait, nous aimait, nous protégeait. C'était ça que Jared recherchait. Alors il était là, assis sur ce canapé à laisser la jeune femme lui soigner sa blessure. Il ne regardait même pas ce qu'elle faisait. Il ne quittait pas son visage des yeux. Il voulait tellement ancrer son visage dans sa mémoire. Il craquait, complètement. Il avait bien trop envie d’elle et ce n’était pas bon non plus. Il n’avait jamais ressenti une telle attirance pour quelqu’un. Pas aussi forte en tout cas. Il n'y avait eut qu'elle depuis l'instant où elle s'était assise à ses côtés dans ce bar. Habituellement, le Hunter laissait venir. Si jamais la personne lui plaisait, il disait oui tout de suite et c'était parti. Pas besoin de ce petit jeu. Hors cette nuit, il avait provoqué ce jeu, il avait un peu amené cette situation. Il la voulait. Cela se voyait dans son regard. Il le ressentait dans chaque pore de sa peau, ces légers frissons qui parcouraient son corps quand elle le touchait ou le regardait. « J’ai terminé, tu vois, ça ne m’a pas pris énormément de temps & ça t’évitera une mauvaise infection. » Il ne laissait jamais personne s'occuper de lui, le soigner. Il le faisait seul et chez lui, à l'abri des regards pour ne pas montrer qu'il avait eut du mal à s'en sortir. Sa sœur voyait ses blessures mais n'osait plus rien lui dire. Il lui avoua qu'il laissait quelqu'un entrer dans sa vie. La preuve en était là avec Shannon. Il la laissait agir avec lui comme il en avait laissé très peu le faire. Mais il ajouta que ce n'était que pour cette nuit. Délicieuse torture de dire qu'il n'y aurait pas d'autres fois. Mais il se l'empêchait. Il refusait de s'attacher. Il le lui avait dit et se tenait à ce principe. Il avait eut assez de mort douloureuse autour de lui. Il refusait d'en être l'instigateur à cause d'un sentiment d'attachement.

Il la regardait, songeuse. A quoi pouvait-elle bien penser ? Il avait joué franc jeu depuis le début. Se demandait-elle si ça valait le coup de continuer ? Non, impossible pour le chasseur. Elle ne pouvait pas se demander cela alors qu'ils ne se connaissaient pas. Bien que leur solitude respective ne pouvait que les rapprocher. Elle devait arrêter de trop réfléchir à la situation et vivre l'instant qui s'offrait à eux. Jared décida de couper ses réflexions. Ses doigts allèrent caresser sa joue de façon aérienne comme s'il avait peur de la surprendre ou de la casser. Il murmura quelques mots complètement futiles pour la situation et rapprocha simplement son visage pour l'embrasser. Il venait de passer la ligne jaune. Plus de retour en arrière à présent. Il était en train de laisser son envie dicter ses actes. Il l'embrassa douce ment. Pas tendrement non mais délicatement. Comme s'il voulait panser cette solitude qui la pesait en lui prouvant qu'il était là. Au moins pour cette nuit. Il n'y allait jamais doucement. Il n'était qu'une brute qui allait prendre son pied en baisant. Il allait changer ses plans même si la finalité restait la même. Il la sentait répondre. Et il adorait ça. Un frisson le parcourut quand il sentit sa main dans son cou. Délicieux frisson. Ce n'était qu'un baiser en surface comme un avant-goût de ce qui arriverait par la suite. « Je prends mon rôle de petite femme très à cœur, tu vois ? » Il eut un léger sourire contre ses lèvres. Leurs souffles se mêlaient. Leur envie également. Il entrouvrit simplement les lèvres pour caresser les siennes. Il brûlait de désir pour elle. Il avait simplement envie de lui arracher sa robe et de la prendre là, tout de suite. Mais il ne le ferait pas. Il le sentait, pas de brusquerie cette nuit. Leurs souffles se mélangeaient alors qu'il sentait sa veste se glisser le long de ses bras. Il avait rouvert les yeux et observait la moindre de ses expressions. Il ne parlait pas. De toute façon, cela n'avait jamais été sa grande passion. Shannon avait du s'en rendre compte. « Viens... viens. » Sa voix n'était qu'un murmure. Juste un murmure qu'il voulait entendre de transformer en gémissement. Il voulait la sentir trembler sous ses attouchements, sous ses caresses, sous ses coups de rein... Alors quand elle entoura son poignet de ses doigts délicats et qu'elle l'incita à se lever, il ne se fit pas prier. Qui pourrait résister à une telle femme. Personne. Il était comme envoûté. Elle l'avait ensorcelé. Et cela ne le dérangeait en rien.

Ils arrivèrent dans la chambre de la jeune femme mais le Hunter n'eut pas le temps d'admirer la décoration. A quoi bon ? Il avait le plus beau bijou entre les bras, contre lui alors qu'elle l'avait attiré à elle pour à nouveau l'embrasser. Il se retint au mur alors qu'il sentit ses bras autour de sa nuque. Son corps contre le sien l'excita un peu plus. Le baiser s'approfondit et Jared domina l'échange. Sa langue venant chercher celle de la jolie blonde, se perdant dans l'échange. Le baiser devenait de plus en plus intense, limite violent. Sa respiration se fit plus forte quand il sentit sa poitrine contre son torse. Sa main vint se poser sur sa taille gracile, descendant sur sa hanche qu'il serra légèrement entre ses doigts. Il la laissa caresser son corps. Il ne se laissait jamais toucher sauf dans ces moments intimes. Et encore, il ne laissait pas de place aux caresses, aux longs attouchements. Il refusait de relâcher ses lèvres. Il voulait l'embrasser encore et encore à n'en plus pouvoir respirer. Il voulait suffoquer dans ce baiser. Mais il fut obligé de le rompre quand elle lui ôta son tee-shirt. Il était à présent torse nu devant ses yeux. Il alla embrasser et mordiller sa mâchoire. Il était frustré de ne pas avoir ses lèvres à nouveau. « Est-ce que... le reste est tout aussi impressionnant que ton torse ? Je viens de penser à voix haute, c’est ça ? » Il rit légèrement contre sa peau. Depuis combien de temps n’avait-il pas ri ? Il n’en savait rien. Cela remontait à tellement longtemps. Enfin, de rire sincèrement et non de façon moqueuse. « Pour les cicatrices, oui… » Il avait murmuré chaudement contre sa joue. Ses lèvres ne faisaient que frôler sa peau. Souvent, les personnes ayant vu son torse étaient impressionnées par les marques, les souvenirs de tous ses combats. Il ne laissait jamais quiconque prendre le temps de les observer, de les caresser, de les embrasser. « Pour le reste, à toi de me le dire… »

Il ferma les yeux quand elle embrassa son cou, appréciant chaque baiser. Sa main glissa de sa hanche à la cuisse de la jolie blonde pour la lui soulever et la caler contre sa propre hanche, collant son bassin au sien. Il grogna légèrement d’envie. Et ils n’étaient même pas encore nus. Cela ne pouvait qu’être mille fois meilleur par la suite. Ses doigts caressèrent la cuisse de celle qui deviendrait son amante pour la nuit. Ils remontèrent le long de sa peau, passant un peu sous sa robe courte, se rapprochant doucement de son aine alors qu’il la laissait toujours embrasser son cou. « A mon tour de découvrir… » Ses doigts partirent dans le creux de son dos et remontèrent, la gardant tout contre lui. Il défit la fermeture éclair, la descendant jusqu’au milieu de son dos. Cette robe rouge le rendait fou. Il se détacha un instant, juste un instant malgré sa frustration. Il la déshabilla, lentement, laissant le tissu rouge sang caresser sa peau à mesure qu’elle glissait le long de son corps. Et il admira. Il admira ce corps simplement vêtu de sous-vêtements qui allait être à lui cette nuit. Il avait toujours eut ce sentiments de possessivité, même sans ressentir quoi que ce soit. Il laissa la robe tomber aux chevilles de Shannon et ses doigts caressèrent sa poitrine, de façon aérienne et descendirent sur son ventre. « Joli… Très joli même… » Sa main partit dans sa nuque et il l’attira vivement à lui pour un baiser violent, impatient. Ses instincts reprenaient le dessus. Son autre main la pressa au niveau du creux des reins, descendant jusqu’à ses fesses qu’il ne se gêna pas de presser dans sa paume. Il passa ensuite ses deux mains sous ses cuisses et la souleva pour qu’elle noue ses cuisses autour de sa taille, ses lèvres ne quittant pas les siennes. Il la porta ainsi jusqu’au lit avant de l’y allonger, la surplombant. Il emprisonna son petit corps sous le sien, imposant. Ses lèvres partirent dans son cou, sur sa clavicule, son épaule, sa poitrine. Il vint embrasser son sein jusqu’à la limite de son soutien-gorge, sa main tenant sa taille, la maintenant contre le matelas.

FICHE PAR STILLNOTGINGER.

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Son ombre plus vivante qu’elle-même danse avec ce corps tatoué de douleurs. Shannon est lascive, contre lui, contre sa masse de muscles. Ses doigts s’accrochent à sa nuque. Ses lèvres dévorent les siennes. Shannon se retient désespérément à lui, s’agrippe à la moindre petite particule en sachant, hélas, que tout va cesser d’exister dans quelques heures à peine. (Peut-être que l’orgasme le ramènera violemment sur Terre.)
Leurs lèvres apprennent à s’embrasser plus fort. Fougueusement. Passionnément.
Le vide a été si grand, ces derniers jours, qu’Alice est dorénavant prête à engloutir toute présence. Mais surtout celle que lui offre le chasseur.
& elle se retrouve là, plaquée contre le mur, contre son torse mis à nu, suspendue à ses caresses qu’elle voudrait interminables, à ses baisers plus fougueux. À son envie de lui.
Elle a les mains coquines. Les pupilles félines. Elle observe son corps, se foutant complètement de ses marques, témoins de ses combats houleux. Elle ne s’y attarde pas, pour le moment, préférant goûter encore & encore la saveur de ses lèvres.
Elle transpire la douceur & la tendresse. & même si les baisers de Jared sont violents, elle lui transmet par son regard toute sa reconnaissance. Parce qu’il ne la brusque pas. Parce qu’il ne se précipite pas. « Pour les cicatrices, oui… » Shannon lui adresse un sourire, déposant ses lèvres rouges & pulpeuses contre sa gorge. Ses instincts la pousseraient presque à mordre. Mais elle reste femme. & la créature dort toujours. « Pour le reste, à toi de me le dire… » Ses joues se teintent de rose mais Jared ne peut la voir puisque, cachée dans son cou, elle l’embrasse comme s’il avait été son amant, son amour. Elle n’a pas de sentiments. Elle n’en est même pas amoureuse. Mais la Solitude l’a tant rongée qu’à présent, elle tente de se reconstruire, de ressentir, de se souvenir.
Parce qu’elle a presque oublié la sensation que lui procuraient les caresses. Avant.
Lorsque la paume brûlante de Jared se promène sur sa cuisse, Alice reconnait sans mal cette douce chaleur qui se répand dans le creux de son ventre. C’est l’excitation qui se propage. Qui la transporte. Un soupire s’échappe de ses lèvres. Un soupire de bien-être. De plaisir. Sa jambe s’accroche à sa hanche. Sa peau frissonne.
Elle se sent si femme dans ses bras.

« A mon tour de découvrir… » Docile, la jeune femme se détache, ramène sa jambe vers elle & observe ce visage qu’elle trouve absolument magnifique & sans défaut.
La robe quitte peu à peu son corps. La dévoilant sans aucune pudeur, sans aucune gêne. & même si son mari disait qu’elle était la plus belle femme que la terre n’ait jamais porté, Shannon ne s’est jamais trouvée plus jolie qu’une autre. Pourtant, elle ne baisse pas les yeux, & ne détourne pas le regard – même quand celui de Jared s’amuse à la détailler. Même quand ses doigts parcourent sa poitrine, son ventre. « Joli… Très joli même… » La nature n’a pas jugé bon de laisser apparentes les marques de sa grossesse. Son ventre est resté délicieusement plat. Les vergetures n’ont jamais craquelé sa peau. &, finalement, peu de femmes ont la chance de retrouver leur corps de jeune adulte.
Shannon sourit. Mais avant qu’elle n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, le chasseur montre son instinct d’animal, de mâle. Ses muscles contractés symbolisent la force dont il abuse pour maintenir sa proie prisonnière. & sa bouche est violente. Elle contraste avec la douceur d’Alice.
Leurs langues s’entrechoquent.
Des gémissements s’échappent.
Ses cuisses se resserrent autour de sa taille lorsqu’elle quitte le sol. Ses doigts plongent dans ses cheveux, s’y raccrochent sans tirer. « Jared, tu es tellement impatient... » murmure-t-elle tandis que ses lèvres embrassent ses seins. Sa respiration s’accélère. Sa tête est rejetée en arrière. Les bruits de plaisir envahissent d’ores & déjà la pièce. & ses mains glissent entre eux, déboutonnent ce pantalon devenu bien trop encombrant.
Étendu de tout son long, & de tout son poids entre les cuisses de sa conquête, Jared la rend plus soumise que jamais. Elle aime ça. Etre à sa merci. Mais elle remonte l’une de ses jambes, caressant celle de son amant au passage. Son talon haut se frotte à son jean. & presque à contrecœur, la jeune vampire inverse les rôles.
Assise sur son bassin, elle balance ses cheveux d’or d’un côté de son épaule & se penche afin d’embrasser ses lèvres. « Je vais t’apprendre à être patient. Laisse-toi faire. » Sa bouche descend sur lui jusqu’à son ventre. & elle achève de le déshabiller presque entièrement – se débarrassant de ses chaussures & chaussettes. Elle tend à accroitre son excitation. Elle sourit. Curieuse & assurée. Ses mains, ses doigts, sa bouche, sa langue s’allient pour lui faire plaisir. Elle embrasse le bas de son ventre, à la limite de son sous-vêtement, & sa paume masse l’entrejambe qu’elle devine immense sous cette dernière barrière de tissu.

A-t-il déjà pris le temps d’être ainsi touché ? Ainsi cajolé ?
Shannon lève le regard vers lui, lui offre son plus beau sourire. Elle imagine sa frustration, son envie d’aller plus vite. Mais c’est avec une lenteur – sans doute atroce – qu’elle fait glisser le sous-vêtement le long de ses cuisses, de ses jambes.
Jared est maintenant nu sous son corps de femme. & à nouveau, Alice se penche. & sa bouche frôle sa cuisse, remontant jusqu’à sa hanche, son ventre, son torse, son cou, sa mâchoire. « J’te sens si fébrile... » Bien évidemment, sa voix est teintée d’amusement. Pourtant, elle ne pourrait nier avoir très envie de lui, de le sentir prendre possession de son corps. Inconsciemment, l’instant est prolongé pour ne pas être achevé, pour ne pas être oublié trop vite.
& puis les freins se desserrent enfin. Assise sur le sexe de son amant, Shannon dégrafe son soutien-gorge & l’envoie valser plus loin. Bon sang, elle est déjà si humide. & il n’y a plus que sa petite culotte en dentelle pour les séparer.
Combien de fois sa bouche s’est-elle égarer sur son corps bourré de cicatrices ? Une fois encore, la belle l’embrasse, la pointe de ses seins effleurant sa peau à mesure qu’elle descend encore & encore : son torse, ses abdominaux, son sexe extraordinairement impressionnant....
Sa main le branle. Lentement. Intensément. Passionnément. Son pouce câline le gland rose & humide. & ses baisers se font plus intimes, abandonnant quelques traces de rouge à lèvres contre l’objet de tous ses désirs.

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Jared L. Turner & S. Alice Rosenberg

Le désir s’était emparé du corps du Hunter. Il ne réfléchissait plus à rien. Il se laissait guider par son instinct, ses envies. Il avait foutrement envie d’elle. Il voulait la caresser, il voulait la sentir frémir sous ses doigts, sous ses baisers, sous ses coups de rein. Et ses gémissements… Il voulait les entendre emplir la pièce. Il voulait qu’elle ne voie que lui pendant cet instant. Qu’elle ne ressente que lui. Bien que ça soit déjà le cas. Il tentait de ralentir ses envies primaires de simplement l’allonger et la baiser là, directement sur le matelas. Habituellement il l’aurait fait. Il était ainsi. Il pensait à peine au plaisir de l’autre. Tant que lui était satisfait. Mais là, il voulait qu’elle prenne énormément de plaisir grâce à lui. Elle comprenait sa solitude, ses ressentis. Ils se ressemblaient. En beaucoup de points. Et rien que pour cette raison, Jared prenait son temps. En quelques sortes. Il caressait sa peau. Il la voulait déjà nue, allongée sur le lit. Mais elle était debout devant lui, sa robe glissant le long de son corps fin. Ses doigts caressèrent sa peau, son corps, partiellement. Il ne voulait pas brusquer les choses pourtant sa main voulait agripper sa hanche pour la ramener fortement contre lui. Il se retenait, la complimentant sur son corps, le désir qu’elle procurait rien que par cette vue. Il la désirait tellement fort. Il le sentait parfaitement dans son bas-ventre. Cela faisait un bon petit moment qu’il n’avait pas couché. Il le faisait rarement, uniquement quand ses besoins d’homme prenaient le dessus sur le Hunter qu’il était. Et encore, il ne prenait pas le temps de discuter bien longtemps avec la personne qu’il allait baiser. Alors que cette fois-ci, avec Shannon…. C’était totalement différent. Il l’avait revue. Ils avaient parlé. Ils s’étaient laissé aller à quelques états d’âme. Et voilà qu’ils laissaient libre cours à leurs pulsions. Il la complimenta. Mais ses instincts reprirent le dessus. Il ne lui laissa pas le temps de répondre. Ses doigts étaient déjà accrochés à sa nuque pour la coller à lui et l’embrasser, fortement. Il avait envie d’elle et le lui montrait à chaque instant. Il la souleva, continuant de maltraiter ses lèvres. Il se montrait si animal dans ces moments-là. Il n’avait jamais fait ça par amour, par sentiments, par douceur… Il n’en avait jamais vu l’intérêt puisqu’il refusait de s’attacher à quiconque. Il l’allongea sur le matelas, la surplombant. Ce côté dominant était naturel chez lui. Il ne se laissait jamais faire. En rien. Il détestait ça. Il embrassait sa peau, son épaule, sa clavicule, ses seins. « Jared, tu es tellement impatient... » Il ne répondit rien. Aucune raison de le faire. Ce n’était qu’une constatation et en effet, il était impatient. Il avait toujours tout voulu tout de suite à ce niveau. Comme quand il était en chasse. Il tournait autour de sa proie. Une fois qu’il s’en approchait, il voulait que cela se fasse vite. Il comparait l’acte à une chasse. Il était comme ça, c’était dans sa nature. Il continua d’embrasser sa peau alors qu’il sentait les mains de la jeune femme s’affairer sur son pantalon. Il ne bougeait pas, la goûtant délicieusement. La jambe de Shannon remonta contre la sienne et manquant de vigilance un léger instant, il se retrouva sur le dos. Les rôles étaient inversés.

Le hunter grogna. Il n’appréciait pas cette idée. Il fronça les sourcils et l’observa. Elle était magnifique. « Je vais t’apprendre à être patient. Laisse-toi faire. » Nouveau grognement du Hunter. Se laisser faire. Il n’aimait pas ça. Il ne le faisait jamais. Mais il n’avait, apparemment, pas le choix cette fois-ci. « Ne joue pas trop avec moi… » Ce n’était pas une menace. C’était plutôt un conseil en fait. Jared ne se contrôlait pas. Alors si elle jouait de trop, son impatience prendrait le dessus et il se montrerait plus « violent ». Déjà qu’il détestait se montrer « soumis » alors si en plus elle le faisait trop attendre… Il se retrouva presqu’entièrement nu, son boxer déformé restant le seul vêtement sur son corps. La voyant sourire, il se doutait qu’elle allait le faire attendre encore un peu. Et ça lui plaisait moyennement. Pourtant, il savait que plus ça durait, plus c’était bon vu l’excitation grandissante. Son ventre se contracta quand sa langue entra en contact avec sa peau. Il se mordit la lèvre inférieure quand elle commença à masser son entre-jambe. Il bougea le bassin. Il en réclamait déjà tellement plus. Beaucoup plus. Il ne la quittait pas des yeux. Elle était si belle, si attirante, si envoûtante. Il ne voyait qu’elle. A cet instant, il n’y avait qu’elle. Et la voir ainsi penché au-dessus de son ventre, de son bas-ventre lui donnait encore plus envie d’elle. Et elle joua, un peu. Elle lui retira son boxer, lentement. Bien trop lentement. Il n’eut aucune gêne à se retrouver nu et excité devant ses yeux. Il avait envie qu’elle continue, qu’elle aille plus loin dans ses attentions. Jamais il ne faisait ça. Les vêtements étaient habituellement rapidement enlevés avant que l’acte ne prenne immédiatement place. Ce genre de choses, il ne l’avait fait qu’étant bien plus jeune. Ses doigts se posèrent sur ses cuisses, caressant vaguement sa peau, la serrant légèrement par moment alors que la bouche de la jeune femme remontait le long de son corps. « J’te sens si fébrile... » Il ne détachait pas son regard du corps de la jeune femme. Il la voyait si amusée par ses propos. « Fière de ton petit effet je suppose… » C’était évident. Plus qu’évident même. Et au fond, cela l’amusait également. Le soutien-gorge enlevé, il put admirer sa poitrine parfaite. Ses doigts remontèrent le long de ses flancs, de ses côtes. Il avait envie de la toucher, de presser ses seins au creux de ses mains. Mais Shannon reprit ses baisers sur son corps. Il n’en pouvait plus. Il se mordit la lèvre inférieure en sentant ses doigts autour de son sexe. Sa bouche contre son sexe le rendait fou. Il aurait pu la laisser le sucer. Il aurait voulu qu’elle le suce. Il adorerait voir sa bouche pulpeuse autour de son sexe, monter et descendre, cette humidité autour de lui. Mais il avait bien trop attendu. Il l’avait suffisamment laissé faire. Il l’obligea à remonter sur son corps et retourna la situation. A lui de s’amuser.

Ce fut à son tour d’à nouveau goûter cette peau, laisser ses lèvres chaudes la caresser, sa langue la lécher. Il embrassa ses seins alors que ses mains lui retiraient ce dernier vêtement qui le frustrait terriblement. Elle était enfin complètement nue, sous lui, sous son corps excité. Ses baisers descendirent jusqu’à son ventre, sa langue s’insinuant dans son nombril alors que sa main se faisait beaucoup plus audacieuse. Ses doigts caressèrent l’intérieur de ses cuisses et remontèrent pour la caresser plus intimement. Il sourit contre sa peau. « Si humide… Et c’est moi qui suis fébrile ? » Son sourire ne quittait pas ses lèvres alors qu’il insinuait un doigt en elle. A son tour de l’exciter un peu plus avant de la prendre pour de bon. Son sexe pulsait tellement il en avait envie. Il ne savait pas combien de temps il tiendrait à ne pas y aller franchement. Il cherchait à la faire gémir un peu plus. Lui n’était pas du genre à se laisser fortement aller aux gémissements. Mais il voulait l’entendre elle. Il voulait entendre sa voix. Il voulait la sentir se cambrer. Il voulait qu’elle vibre sous ses attouchements, ses caresses, ses coups de reins. Il la doigta, doucement, lentement. La frustration, elle y avait également le droit. Il remonta pour embrasser sa peau entre ses seins puis son cou. Il suçota sa peau un léger instant puis se détacha. Il retira son doigt de son corps si désireux de plus. Il se pencha pour attraper son pantalon et prendre un préservatif. Pas qu’il prévoyait de coucher à chaque sortie. Juste qu’il se montrait prévoyant. Il déchira l’emballage et se mit à genoux pour enfiler la protection. Il ne manqua pas plus de temps et s’allongea entre les cuisses de Shannon. Il posa ses lèvres sur les siennes, l’embrassant langoureusement alors qu’il guidait son sexe pour la pénétrer, doucement, lentement, de tout son long. Sa main tenait sa cuisse contre sa hanche, serrant celle-ci tellement c’était bon. Et il ne faisait que la pénétrer, il n’avait pas encore commencé à bouger. Il lâcha un faible gémissement dans le baiser. Il colla son front au sien, sa respiration se faisant plus brûlante encore. Il s’enfonça jusqu’à la garde, ne bougeant plus. Il crevait d’envie d’y aller plus fort. Il appréciait simplement l’instant. Il se retira tout aussi lentement et commença ses coups de reins. Il se retenait sur un avant-bras, admirant son visage, chaque mimique, chaque moue de plaisir qu’elle pouvait avoir. Il ne voulait rien manquer. Il voulait qu’elle prenne autant de plaisir que lui. Pour une fois, il ne se montrait en rien égoïste.

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Elle brûle de désir.
L’incendie dans les yeux.
Le corps qui tremble. L’humidité entre ses jambes.
Les doigts coquins, la bouche effrontée. Elle découvre une anatomie parfaite, une musculature comme elle n’en a jamais vu. Pendant un instant, Shannon oublie le visage de Jared. & enveloppée dans sa carcasse de vampire, elle se concentre sur tout ce qu’un simple être humain n’est capable de voir. Elle entend les battements de ce cœur abandonné. Elle en ressent les palpitations. L’attente le déglingue. La frustration l’insupporte.
& il semble implorer si fort cette volonté qui l’empêchera de se laisser manipuler par son manque & son envie de se fondre en elle.
Shannon ose lui sourire, lui offrant une trainée de baisers humides le long de son torse, ses abdominaux.
Ces instants sont si rares. Alors, Shannon voudrait être aux yeux de Jared comme une poupée de porcelaine – fragile & précieuse – dont il doit prendre soin durant des heures.
Même si, le lendemain, la poupée sera une nouvelle fois délaissée, perchée sur un meuble dont on aura oublié l’existence. Ça n’aura pas d’importance. Alice a juste besoin d’être cajolée, qu’on lui donne l’illusion qu’elle n’est pas complètement insignifiante. « Ne joue pas trop avec moi… » Peut-être devrait-elle prendre plus au sérieux ce qu’il essaye de lui transmettre. Elle préfère cependant s’en amuser. Le pousser à bout. Afin qu’il ressente un tout nouveau plaisir. Un plaisir ressenti lorsque la douceur & la tendresse s’en mêlent. Pourquoi devraient-ils se précipiter ? La nuit leur appartient. Jared souhaite peut-être tout contrôler, osant limiter les baisers & les caresses pour ne penser qu'aux coups de reins.
Il bloque l’affection. Il bloque l’attachement. Mais, là où d’autres femmes ont certainement accepté de se laisser faire, Shannon lui impose sa méthode. Plus douce. Plus sensuelle. Ses baisers sont interminables. Ses doigts sont délicats. Elle est attentionnée. « Fière de ton petit effet je suppose… » Comment ne pas l’être ? Ce petit bout de femme réussit à dompter son côté homme dominant. & elle est fière de le voir si excité. Parce qu’elle n’a jamais eu la prétention de se trouver jolie, ou suffisamment douée pour plaire à un homme. Alice n’a rien d’une allumeuse, d’une nana capable de frotter vulgairement son derrière contre l’objet de tous ses désirs pour éveiller l’envie.
Visiblement, ce n’est pas nécessaire.
« Ne me dis pas que tu n’aimes pas ça, Jared. Ton corps te trahit » Un rire plutôt joyeux s’élève dans la pièce. Suivi d’un couinement de surprise lorsque ses mains d’hommes s’enroulent autour son corps & l’incitent & reprendre sa position de soumise. Par automatisme, Shannon écarte ses cuisses & l’accueille entre elles. Son dos se cambre. Ses dents se plantent dans la chair de sa lèvre inférieure. Jared se montre plus coquin. Ses doigts s’aventurent plus bas. Beaucoup plus bas. & s’amusent enfin avec son jardin secret. Elle soupire de bonheur.
Shannon n’a jamais été ce genre de femme bruyante & agaçante. Mais elle n’en est pas moins sensuelle.

« Si humide… Et c’est moi qui suis fébrile ? » Shannon, peu à peu, quitte la terre. Le plaisir brûle son bas-ventre, répand son agréable chaleur dans chacune de ses veines. Ses paupières se ferment. Sa tête part en arrière. Difficile de décrire cette sensation qu’elle avait partiellement oubliée. « Disons qu’on l’est tous les deux. » Ses doigts se perdent dans les cheveux de Jared. Elle peut enfin le toucher comme elle en a toujours secrètement eu envie sans que cela ne dérange.

Bon sang, elle n’aurait jamais imaginé que son corps puisse être aussi réceptif à ses attouchements. Elle subit sa lenteur. Elle envoie valser sa raison, la rationalité. & les gémissements s’élèvent dans sa chambre qui n’a que rarement été témoin de ses ébats.
& Jared attrape un préservatif.
Le temps qu’il le glisse sur sa longueur, quelques mots lui brûlent les lèvres. Shannon voudrait lui demander de faire attention, parce qu’elle n’a pas fait l’amour depuis longtemps. & parce qu’elle ne veut pas qu’il la blesse avec ses assauts. Mais, les mots meurent dans sa gorge parce qu’elle sait. Elle sait que le chasseur ne sera pas brusque. Pas avec elle. Pas ce soir. Elle ne saurait expliquer d’où lui vient cette certitude. C’est simplement une évidence pour elle. & c’en est effrayant d’ailleurs. Pourquoi & comment peut-elle avoir autant confiance & être aussi sûre d’elle à propos de cet homme ?
Leurs lèvres se rencontrent. Leurs sexes se découvrent, apprennent à s’apprivoiser, se titillent. & bientôt, ne font plus qu’un. Un soupir plus prononcé s’échappe des lèvres d’Alice. « Jared... » ne peut-être s’empêcher de murmurer tandis que ses mains prennent possession des hanches fermes & puissantes.
Elle n’a pas forcément l’impression de faire l’amour. Mais elle ne se sent pas objet pour autant. Jared l’observe. Il est attentif à ses moindres mouvements, à la manière dont elle ressent le plaisir qu’il lui offre. Alors, elle caresse son corps. Laisse ses doigts vagabonder sur la forme bombée de ses fesses, le long de sa colonne vertébrale. Lorsqu’elle se cambre, sa poitrine s’écrase contre son torse. Parfois, ses muscles les plus intimes se resserrent autour de lui.
& leur union danse sur une mélodie faite de longs gémissements qu’elle ne peut retenir. Sauf quand Shannon appuie sa bouche contre la sienne, dans un baiser des plus passionnés.
& la chaleur grandit. Le plaisir monte. Encore & encore.
Les minutes s’écoulent.
Une fine pellicule de transpiration habille leurs corps.
Encore, encore, ne cesse-t-elle de murmurer...
Jusqu’à ce que l’orgasme la frappe de plein fouet.
Il est pourtant difficile pour une femme d’être menée jusqu’au septième ciel. Alors, tout son petit être tremble, & un sourire comblé s’affiche sur son visage, les yeux plongés dans ceux de son amant.
Elle espère juste qu’il aura ressenti autant de plaisir.
& qu’il se souviendra de cet instant passé dans ses bras, quand d’autres femmes caresseront sa peau.

Shannon ne veut simplement pas être oubliée.

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Jared L. Turner & S. Alice Rosenberg

Jared respirait vite et fortement. Il était excité. Il voulait ressentir ce plaisir qu’il n’avait pas ressenti depuis un petit moment. « Ne me dis pas que tu n’aimes pas ça, Jared. Ton corps te trahit » Oui, son corps le trahissait et il en avait pleinement conscience. Il ne le cachait en rien. De toute façon, ils étaient là pour cela. L’attirance avait été bien trop forte entre eux deux. Ils n’avaient pas pu y résister. Enfin, Jared n’aurait jamais pu y résister plus longtemps. N’y tenant plus, il inversa les positions pour la préparer et se retrouver en elle. Enfin en elle. Il en lâcha un gémissement de bien-être. Il avait l’impression d’attendre cette sensation depuis des mois. Alors que ce n’était là que leur deuxième entrevue. Et sans doute la dernière. Le hunter ferait tout pour ne pas la revoir. Pour qu’elle ne soit pas reliée à lui. En fin de compte, malgré son cœur inexistant suivant ses dires, il prenait soin des personnes avec lesquelles il partageait un moment charnel. Il refusait de se lier à eux pour qu’aucun vampire ne les prenne en chasse pour le blesser en les tuant. Il refusait l’attachement pour la faiblesse que cela engendrait. Mais également, il les protégeait. Alors il ferait de même avec Shannon. Il ne pensait pourtant pas à tout ça alors qu’il s’enfonçait en elle lentement, doucement. Il appréciait. Il la goûtait. Ce qu’il ne faisait quasiment jamais. « Jared... » Il ne quitta pas ses yeux. Il ne quitta pas son visage. Il appréciait chaque petite mimique, chaque fois que ses lèvres s’entrouvraient un peu plus, comprenant qu’elle appréciait ce qu’il faisait. Il voulait qu’elle ressente un maximum de plaisir. Il n’y avait que ça qui traversait son esprit à cet instant. Il ne voulait qu’elle, en train de jouir, d’exploser autour de lui.

Il haletait. Il sentait sa peau se faire moite. Il la laissait le toucher alors qu’il évitait de douces caresses sur sa peau scarifiée, souvenir de ses anciens combats. Il ne supportait pas vraiment que l’on caresse ses cicatrices, qu’on les embrasse. Mais ce soir, sentir les doigts de la jeune femme les toucher, les frôler, ne le dérangeait pas. A croire que cela faisait partie de cette nuit, de cet échange qui pouvait paraître spécial. Il s’abandonnait. Juste une fois. Juste cette fois. Jared accéléra peu à peu ses coups de rein. Il sentait les cuisses de Shannon se resserrer sur ses hanches par spasmes. Il la sentait se resserrer autour de lui. Il en grognait de plaisir. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Il sentait cette douce chaleur si spécifique grandir dans son bas-ventre, dans ses reins. Il n’arrêtait pas de regarder son visage, gardant ses lignes en mémoire. Il la trouvait si belle, si désirable ainsi. Il répondait à ses baisers ardents, langoureusement. Il adorait l’échange. Il adorait cette sensation en cet instant. Il oubliait le reste. Il oubliait ses combats, ce pour quoi il était né, ce pour quoi il avait été préparé et formé. Il n’y avait pas de vampire. Il n’y avait pas de créatures buveuses de sang. Il n’y avait qu’eux et ce plaisir qu’ils ressentaient tous les deux. Le temps aurait pu s’arrêter pourtant… Pourtant il continua à filer. Tout comme le plaisir qui grandissait encore et encore. Les gémissements de Shannon emplissaient la chambre, résonnaient en son être. Il haletait de plus en plus. Il la sentit se crisper et se resserrer fortement autour de lui, le faisant serrer la mâchoire. Elle jouissait. Et elle était encore plus magnifique. Il continua ses coups de reins. A son tour de jouir. Il fallait qu’il atteigne le summum du plaisir.

Quelques coups de rein supplémentaires suffirent à le faire décoller. Ses oreilles bourdonnaient, son gémissement se fit rauque, comprenant le nom de la jeune femme. Il s’était cambré, rejetant la tête en arrière, des cheveux collés à son front. Il donna quelques lents coups de rein pour prolonger son orgasme et finit par se stopper. Il plongea son regard dans celui de Shannon et sourit légèrement, en coin. Il se pencha et embrassa doucement ses lèvres, comme un merci après ce qui venait d’arriver. Il se retira lentement, son gémissement se perdant au fond de sa gorge. Et il s’allongea à ses côtés, son torse se soulevant rapidement alors qu’il fermait les yeux, profitant simplement de l’après-orgasme. Il retira le préservatif, le noua et le laissa par terre. Il le jetterait plus tard. Pour le moment, il profitait et reprenait surtout son souffle. « Une fin de nuit… Parfaite. » Il plaça son bras sur ses yeux. Pour une fois depuis bien longtemps, il se sentait bien, serein. Il pensait même pouvoir s’endormir sans avoir un seul cauchemar. Ce qu’il avait chaque nuit à présent. Son corps nu et satisfait, brillant de sueur était là, à la vue de Shannon. En cet instant, Jared devait être le plus vulnérable possible. Il était le plus vulnérable possible. Il avait complètement occulté le reste. Shannon pouvait lui faire ce qu’elle voulait.

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C’est l’orgasme qui la frappe de plein fouet. Son corps tremble, culbuté par des bourrasques d’un plaisir qui persiste. Une fine pellicule de transpiration habille sa peau de porcelaine. & Shannon est comblée, dans son petit nid de douleur.
Les boucles d’or collées à ses tempes, la respiration haletante, la jeune femme tuerait pour que cet orgasme demeure encore au plus profond de son être, & continue de consommer, & consumer tout ce qu’elle est. Depuis quand n’a-t-elle pas ressenti cette sensation si puissante, si délicieuse ?
Elle le sait, elle en est intimement persuadée maintenant : cette rencontre, leur rencontre, était prédestinée.
Ils n’ont peut-être plus grand-chose à vivre. Peut-être ne partageront-ils plus que quelques sourires, balancés au coin d’une rue, sans même être accompagnés de politesse. Ou peut-être oseront-ils s’offrir de nouvelles étreintes, de nouveaux baisers, de nouvelles caresses.
Sans sentiments. Ou peut-être une infinie tendresse.
Mais ses pensées s’envolent lorsque Jared appuie sa bouche contre la sienne. Alors par instinct, Alice glisse ses doigts dans les cheveux de son amant. & elle l’embrasse en retour, avec la douceur & la délicatesse d’une femme.

Un gémissement s’échappe de ses lèvres & vibre sur celles du chasseur, lorsque celui-ci se retire. Shannon l’observe. Elle le trouve bel homme. & bien plus encore. « Une fin de nuit… Parfaite. » Alice esquisse un tendre sourire. Elle est flattée. Parce qu’elle comprend par ces simples mots que Jared a passé un bon moment. (Malgré l’absence de pratique de sa partenaire.)
Shannon a si longtemps délaissé & oublié ses besoins, ses envies, son désir. Mais visiblement, son abstinence ne l’a pas empêché d’être à l’écoute de ce corps à la musculature sublime. Elle a su voir & déceler ses faiblesses, combler ses manques.
Dotée de gestes aériens, la jeune femme se tourne vers son amant. Lentement, le bout de ses doigts vagabonde sur ses pectoraux humides, & elle hoche la tête ; même si Jared ne la regarde pas. « Ce sentiment est entièrement partagé » avoue-t-elle.

Alice n’a pas l’impression de violer l’intimité de Jared lorsqu’elle ferme ses yeux, afin de se concentrer sur les battements de son cœur. Elle veut simplement s’imprégner de lui, de ce qu’il ressent.
Ainsi, Shannon ne peut que sourire.
Boom. Boom. Boom. La Solitude ne gagnera pas ce soir. Jared est serein, apaisé. Loin, très loin de ses tourments. Loin de ce quotidien qui le ronge & le détruit sans qu’il ne s’en rende compte.
Quant à la jeune créature étendue nue à ses côtés, les émotions sont si semblables & si différentes à la fois. Bien sûr, elle est sereine. Bien sûr, cet instant a été parfait.
Mais, tandis qu’une bulle se referme autour de leur nudité, Shannon imagine son ex-mari.
Il est là. Évidemment, c’est son esprit qui lui joue des tours. Néanmoins, elle ne cherche pas à chasser son image. Pas maintenant.
Le voir lui fait du bien.
Il sourit. Il n’est pas fâché.
Après tout, pourquoi Shannon n’aurait-elle plus le droit d’être heureuse ? De passer un peu de temps avec un homme ?
La culpabilité ne l’atteint pas. Elle aimera toujours son ex-mari, le père de son fils. Mais, les amours de sa vie ont été sauvagement assassinés. & elle, elle est toujours sur cette foutue planète. Enroulée dans une putain de malédiction qui l’oblige à vivre presque éternellement. Avec de douloureux souvenirs. Alors, ce soir, Jared l’a aidée à évincer ses malheurs, ses douleurs.
Elle est bien, dans ses bras. D’ailleurs, elle a osé se rapprocher davantage, posant sa tête contre son torse. « Tu veux passer la nuit avec moi ? » Ses doigts se frayent un chemin coquin jusqu’à son bas-ventre. À vrai dire, elle n’est pas volage. Aucun homme ne lui a jamais fait l’amour pour s’en aller ensuite, sans même se retourner. &, elle ne saurait comment réagir si jamais le chasseur décidait de quitter son appartement, juste après avoir possédé son corps. « & attention à ce que tu vas répondre. Si tes vampires sont plus intéressants que moi, je te mords. » Parce qu’évidemment, les créatures ne sortent que la nuit. & c’est à cette heure-ci que Jared serait susceptible d’attraper & tuer un bon nombre de ses ennemis. Shannon voudrait seulement qu’il se sente comme un homme. Un homme qui passerait la nuit aux côtés d’une femme qui l’apprécie. (Même si, au fond d’elle, Alice est consciente qu’en effet, les vampires l’intéressent bien plus que sa présence.)
Un sourire étire ses lèvres. & elle pose finalement sa main sur la joue de son amant, lui offrant un baiser appuyé sur la tempe.

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Jared L. Turner & S. Alice Rosenberg

Jared se sentait bien. C’était tout ce qui ressortait à cet instant. Et cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Bien longtemps. Pourtant il couchait. Rarement mais il le faisait. Mais c’était juste… Physique. Là c’était différent dans le sens qu’il se sentait apaisé. Il n’avait pas cette constante haine en lui. Celle qui le poussait à se lever en pleine nuit pour aller tuer ces créatures. Il ne la ressentait pas. Il savait parfaitement que cela ne durerait pas. Cela ne durait jamais. Cet apaisement, ce bien-être. Il était allongé aux côtés de la jeune femme. Il respirait encore rapidement à cause de son orgasme. Il adorait ça. Ce plaisir qui déferlait dans son corps. Il adorait encore plus l’après alors qu’il se remettait, appréciant vraiment le fait que son corps soit complètement détendu. Il ne savait pas du tout ce qu’elle avait pu lui faire. Il se sentait comme ensorcelé par elle. Deuxième fois qu’il la voyait, qu’il lui parlait et voilà qu’ils venaient de coucher ensemble. Ce n’était pas dans ses habitudes. Et ce n’était pas bon. Un bon hunter ne devait pas se laisser avoir de cette manière. Il ne devait pas baisser sa garde. Et c’était ce qu’il était complètement en train de faire avec Shannon. Il avait baissé sa garde dès leur première entrevue en lui répondant. Il ne comprenait pas pourquoi il l’avait fait alors qu’il ne le faisait jamais avec personne. Il n’agissait jamais ainsi normalement. Il lui arrivait de coucher oui mais jamais de prendre son temps à discuter avec la personne en question. Encore moins quand il s’agissait de la revoir une seconde fois. Et là, il l’avait fait. Il l’avait revue et il s’était laissé aller à ce moment d’égarement. Même après l’orgasme, il se laissa aller à l’embrasser, à cet échange tendre. La tendresse… C’était quelque-chose qui lui était inconnu depuis des années. Cela lui était inconnu depuis la mort de sa mère. Pourtant, sa sœur était bien là. Mais il avait repoussé toute forme de tendresse depuis qu’il avait vu sa mère mourir sous les dents de ce vampire. Il finit par s’allonger aux côtés de la jeune femme. Il ne pouvait le nier, il avait passé un très bon moment. Intense, plaisant. Tout ce qu’il lui fallait.

Il avait les yeux fermés. Jared profitait simplement de l’instant, rien de plus. Chose qu’il ne faisait jamais non plus. Il vivait pour son devoir, non pas pour son propre plaisir. A cet instant, il avait légèrement oublié son devoir. Il eut un léger frisson quand la jeune femme caressa son torse. Torse recouvert de cicatrices, de blessures passées. Torse que personne ne prenait jamais le temps de toucher. Que personne n’avait envie de toucher. « Ce sentiment est entièrement partagé » Il eut un petit sourire aux lèvres. Comme quoi, il n’était donc pas le seul à ressentir ça. Tant mieux. Il n’avait donc pas pensé qu’à lui. Il ne s’était pas montré égoïste comme il pouvait si souvent l’être. Brusque, violent, poussé par sa propre envie. Ses partenaires n’en ressortaient pas tous complètement ravis. Loin de là. Mais encore une fois, il n’avait pas agi normalement, comme à son habitude ce soir, cette nuit. Cette fille avait vraiment quelque-chose de spécial. Sans doute le fait que tous deux ressentaient la même solitude. Ils vivaient la même chose, c’était certain. Il alla jusqu’à passer son bras autour de la taille de la jolie blonde, ses doigts caressant sa hanche de façon aérienne. Il appréciait la toucher. La douceur de sa peau parfaite comparée à la sienne. Il avait toujours les yeux fermés. Il ne voulait pas les rouvrir de peur que toute cette sérénité disparaisse d’un coup et que son quotidien refasse surface tout à coup. S’il partait maintenant, il devrait repartir chasser du vampire. Il ne la repoussait pas. Il ne le fit pas non plus quand sa tête se posa sur son torse. « Tu veux passer la nuit avec moi ? » Question qu’on lui avait posée à chaque fois. Et à chaque fois il avait répondu non. Il s’était levé, avait simplement enfilé ses vêtements et était reparti. Il rit légèrement quand il sentit la main de Shannon glisser jusqu’à son bas-ventre. Il attrapa sa main et la fit stopper en la gardant dans la sienne. A jouer ainsi, il serait bien capable d’en avoir encore envie. Mais ses performances seraient sans doute moindres la deuxième fois. Il serra ses doigts dans les siens. L’espace d’un instant, en les observant, on aurait pu les prendre pour un couple. Ils agissaient comme tel.« & attention à ce que tu vas répondre. Si tes vampires sont plus intéressants que moi, je te mords. » Jared se laissa aller à un nouveau petit rire. Il s’ouvrait bien trop à Shannon. Il se dévoilait bien trop à la jeune femme. Mais sur l’instant, il n’en prit pas conscience. « Il le sont. Puisqu’ils sont le combat de ma vie. » Et que, pour Jared une femme – ou un homme – ne ferait jamais partie de sa vie.

« Tu veux que je reste ? » Simple question. Il voulait surtout savoir s’il ne la dérangerait pas si jamais il restait. Pas qu’il voulait rester. Pas qu’il voulait partir. A vrai dire, il ne savait pas trop quoi faire. Toutes ces habitudes étaient complètement chamboulées. Il ne savait pas comment agir. Il ne savait pas vraiment ce qu’il ressentait. Il ne savait pas si rester était également une bonne solution. Car, et après ? Pourrait-il prétendre à reprendre une vie normale sans devoir la revoir ? L’accepterait-elle ? Il n’en savait absolument rien. Pourtant, dans le fond, il avait envie de rester. Il avait tout simplement envie de vivre normalement. Un instant. Il avait envie de dormir, de ne penser à rien d’autre que se reposer. « Techniquement, je viens quand même de passer une partie de la nuit avec toi. » Il sourit légèrement. Ses doigts continuaient de caresser la hanche de la jeune femme. Il appréciait la toucher. Il trancha. Il allait rester. Terminer sa nuit en sa compagnie, dormir une grande partie de la journée avec elle puis se réveiller, se préparer et partir continuer son quotidien. Il attrapa les draps et en recouvrit leurs corps, se rallongeant auprès de Shannon. « Je reste. » Il recouvrit un instant son corps du sien et l’embrassa à nouveau. Un peu de tendresse, un peu de compagnie… Cela ne pouvait pas lui faire de mal. Au moins pour une nuit. Peut-être la seule pour lui. Sa bouche embrassait la sienne, sa main caressant sa joue et descendant jusqu’à son cou. Il appréciait déjà bien trop ce qu’il faisait. Mais cette fois-ci, il s’en fichait. Il en profitait. Plus de solitude pour eux deux. Ils s’étaient trouvés pour cette fin de nuit. Et durant ces quelques heures de sommeil, ils auraient l’impression de ne pas être seuls.

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Elle a cette trouille qui lui déglingue le ventre. Celle d’être oubliée, abandonnée.
À son époque, les hommes courtisaient les femmes & les séduisaient sincèrement avant de prétendre pouvoir leur faire l’amour. Shannon avait d’ailleurs été charmée par son compagnon parce qu’il avait su employer des mots qu’elle n’oublierait jamais. Parce qu’il l’avait regardé comme une femme, & non comme un objet.
Hélas, l’époque ancienne est révolue. & les hommes d’aujourd’hui ne savent plus parler aux femmes. Quel dommage. À présent, il n’y a que le sexe. & les hommes sont de fins manipulateurs pour arriver à leurs fins.
Alice a, cependant, toujours su se protéger. Elle détecte les mensonges avec habileté. &, jamais elle ne deviendra cette marionnette, reliée par des fils de poison, aux mains vicieuses des hommes.

Jared ne semble pas vouloir la manipuler. Tous les deux ont simplement besoin de partager un peu de tendresse, un peu de douceur. Ils ne transgressent aucune règle, aucune limite... sauf celle qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Celle de ne pas s’attacher, de ne pas s’ouvrir pour l’un. Celle de respecter la mémoire de son mari & de son petit garçon, pour l’autre. Pourtant, bon sang, qu’y a-t-il de mal à flirter avec le bonheur ?
Ce soir, & sans doute depuis un moment, Alice a piétiné ses principes. Elle veut vivre sa vie. Vivre dans le présent, sans se soucier des conséquences.
Peu importe, si le chasseur décide de s’enfuir sans même se retourner. Peu importe s’il décide d’oublier son prénom, son visage après cette délicieuse nuit.
D’une manière ou d’une autre, l’un & l’autre seront à jamais liés. Liés par toutes ces ressemblances. Liés par ce besoin d’être ensemble, pour ne plus être seul.
Alors, finalement, le souvenir de leur rencontre charnelle ne s’envolera jamais comme s’envole le pollen de fleurs, soufflé par le vent ou par la bouche d’un enfant.

« Il le sont. Puisqu’ils sont le combat de ma vie. » Naturellement, & de façon taquine, Shannon ose lui claquer l’épaule. « Ouch ! » Un rire amusé franchit la barrière de ses lèvres. « Plus importants, j’aurais compris. Mais plus intéressants, vraiment ? Mon dieu, j’ai été si nulle que ça ? » Ses paumes cachent son visage à la couleur de porcelaine. Alice ne lui en tiendra pas rigueur. Après tout, elle a manqué de pratique pendant si longtemps. & puis, elle n’a rien d’une actrice pornographique, vulgaire & dégoutante. Non. Elle, elle reste délicate & gracieuse. Raffinée & sensuelle.
Un rire s’élève pourtant à nouveau dans la pièce. &, ne pouvant rester éloignée de son amant, elle se blottit une nouvelle fois contre son flanc. « Tu veux que je reste ? » Pourquoi lui aurait-il demandé sinon ? Elle hoche la tête. « Techniquement, je viens quand même de passer une partie de la nuit avec toi. » Les caresses de Jared l’apaisent. Néanmoins, Shannon a l’impression qu’il n’attend que le moment où son corps quittera enfin le petit apparemment, le moment où il retrouvera sa liberté, ses vampires.
Une partie de la nuit... Est-ce donc suffisant pour lui ?
Il recouvre leurs corps de la couverture. Alors, les questions meurent dans la gorge d’Alice, qui faufile le bout de ses doigts dans les cheveux de son amant. « Je reste. » Un sourire étire ses lèvres. Sa décision a l’étrange pouvoir de la rendre heureuse, & bien plus encore. Elle se sent bien. Respectée. Ainsi, naturellement, ses bras s’enroulent autour de son cou. & sa bouche s’appuie sur la sienne, prolongeant ce baiser qui sera peut-être le dernier. Parce que Shannon n’est pas naïve. & Jared ne sera jamais l’homme d’une seule femme. « J’suis contente que tu restes. » avoue-t-elle, glissant le bout de ses ongles contre la joue barbue. Encore une fois, leurs lèvres se rencontrent & partagent un tendre échange. & son corps de femme se cambre, va à l’encontre de ce torse – tatoué de cicatrices – qu’elle pourrait toucher des heures durant. « Ce moment à deux est fait pour être agréable, Jared. Plus de solitude. On a le droit d’en profiter quelques heures... » Elle enroule les mèches de ses cheveux autour de ses phalanges, le câline avec une tendresse démesurée. Elle n’attend rien en retour. « Bonne nuit, Jared. » conclut-elle finalement, après un dernier baiser.

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Jared L. Turner & S. Alice Rosenberg

Jared n’agissait jamais ainsi. Il ne savait pas ce qui lui arrivait. Il ne savait pas pourquoi avec elle il baissait ses barrières. Il les avait déjà pas mal baissées en discutant avec elle. Il l’avait encore plus fait quelques instants auparavant en couchant avec elle. Même dans ce moment intime il s’était montré doux et tendre. Chose qu’il n’avait clairement jamais fait avec qui que ce soit. Il ne s’était jamais montré tendre en couchant avec quelqu’un. Il s’était constamment montré égoïste. Mais pas cette fois. Cette fille avait quoi de différent des autres ? Il n’en savait rien. Enfin si, dans le fond, Jared le savait parfaitement. Cette solitude, cette vie qui les avait écorchés… Ces similitudes entre eux n’avaient fait que les rapprocher pour qu’ils se sentent mieux, bien, pendant cet instant charnel. Et cette nuit, auprès d’elle, lui avait fait du bien. Alors il ne la quitterait pas maintenant. Non pas tout de suite. Il ne voulait pas. Il voulait encore ressentir ce bien-être. Oublier son quotidien rempli de meurtres. Même s’il tuait des créatures horribles, il tuait. Alors oublier tout cela l’espace de quelques heures l’apaisait quelque peu. Il en avait sans aucun doute plus que besoin. Il ne le reconnaitrait cependant jamais. Il avoua tout de même que les vampires étaient importants dans sa vie, malgré lui. Il ne vivait que pour les tuer, pour les éradiquer. Il n’avait été élevé que pour ça. Parfois il lui arrivait même de penser qu’il n’avait été créé que pour ça. Son père avait simplement voulu un héritier pour prendre la relève. Mais encore une fois, il gardait ses pensées pour lui. Il sourit légèrement en coin quand la jeune femme lui claqua l’épaule. Il aimait cette légère complicité qui s’était installée entre eux. Complicité éphémère qui prendrait fin quand il s’en irait. « Ouch ! Plus importants, j’aurais compris. Mais plus intéressants, vraiment ? Mon dieu, j’ai été si nulle que ça ? » Il garda son air sérieux. « Ben je n’osais pas vraiment le dire mais puisque tu en parles… » Il finit par légèrement rire. Cela aussi il en avait littéralement perdu l’habitude. Mais avec Shannon, cela paraissait si naturel. « Je plaisante. C’était très bien. » Jared ne se prétendait pas le meilleur coup de la ville. Il espérait ne pas avoir été trop bestiale et brutal avec elle car cela se voyait et se sentait que ce n’était pas ce qu’elle cherchait.

Puis vint le moment de savoir s’il restait ou non. Il était plus qu’étonné qu’elle le souhaite. Personne ne souhaitait jamais le garder pour de la compagnie. Il la laissa se coller à lui, passant son bras autour de son fin corps, délicat. Il se laissa même aller jusqu’à caresser son corps du bout des doigts. Sa peau était douce sous la pulpe de ses doigts. Il répondit simplement à sa demande en remontant le drap sur leurs corps nus et encore légèrement humides. Il la rassura encore une fois par ses mots. Il voulait rester. Ils échangèrent un baiser qui se voulut doux, contrastant avec ceux échangés auparavant qui s’étaient montré chauds, sensuels, fiévreux. « J’suis contente que tu restes. » Jared sourit à la jeune femme et ses doigts glissèrent au creux des reins de cette dernière quand elle se colla un peu plus à lui. Lui qui n’aimait pas être touché de par ses cicatrices la laissait faire. « Ce moment à deux est fait pour être agréable, Jared. Plus de solitude. On a le droit d’en profiter quelques heures... Bonne nuit, Jared.» Elle avait raison et il le savait parfaitement. Ils avaient tous les deux le droit d’en profiter et d’oublier un instant leurs obligations. « Bonne nuit Shannon. » Il avait murmuré ces mots. Il ferma les yeux et le sommeil finit par arriver quelques instants plus tard. Un sommeil beaucoup moins agité que ce que Jared pouvait vivre habituellement. Cette « nuit-là », le Hunter eut tout de même ses cauchemars habituels, en moins intenses cependant. Comme si la douceur de Shannon arrivait à les calmer quelque peu. Jared bougea légèrement, gémissant. Il se réveilla en sursauta et mit quelques secondes à comprendre où il se trouvait. Toujours les mêmes cauchemars. Mais pas le même endroit, pas sa chambre, plus cette solitude habituelle. Il avait quelqu’un contre lui, dans ses bras. Il tenta de calmer sa respiration qui se voulait trop rapide pour tenter de se rendormir. Il fixa le plafond. Comme pour se rassurer un instant, ses doigts caressèrent la peau de Shannon puis il ferma les yeux. Et il réussit à se rendormir.

Les heures défilèrent et Jared se réveilla alors que le crépuscule tombait peu à peu. La nuit arrivait et la chasse allait être de retour. Sa vie quotidienne allait revenir. Il soupira tout en fixant à nouveau ce plafond puis il se redressa, faisant attention à ne pas réveiller Shannon. Il posa ses pieds par terre et se frotta le visage. Cela allait être difficile de retourner à sa vie « normale ». Il se retourna un instant pour admirer la jeune femme, le corps de celle-ci, son visage. Il sourit légèrement en coin. « Merci. Pour cette nuit. » Cette nuit devait être la seule douceur qu’il avait eu dans sa vie depuis bien des années. Et il ne pouvait que la remercier pour cela. Maintenant, il allait devoir s’habiller et partir. Ses doigts allèrent frôler les courbes de la jolie blonde. Il voulait la toucher, encore. Il voulait à nouveau se perdre avec elle. Mais ce n’était plus possible. Cette parenthèse allait se refermer. Cette bulle allait éclater. La solitude allait revenir.

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Elle ignore pourquoi la simple idée d’avoir été incapable de le satisfaire l’effraie. Soudainement la peur la ronge. & la honte la guette, prête à la dévorer, la déchiqueter. Jared lui plait terriblement. & bien qu’elle soit consciente que cette idylle cessera au petit matin, balayée par les premiers rayons du soleil, Shannon voudrait qu’il emporte avec lui un agréable souvenir. Une moue adorable s'invite sur son visage. « Ben je n’osais pas vraiment le dire mais puisque tu en parles… » Malgré la honte qu'elle pensait ressentir, Shannon ne pût que rire & flanquer une tape sur son flanc, le traitant de goujat. Elle sait. Elle sait qu'il plaisante. Elle sait qu'il apprécie, lui aussi, cette douce complicité qui s'installe. Naturellement. « Je plaisante. C’était très bien. » L'étau qui compressait son cœur se désserre. & la belle peut enfin respirer paisiblement. « Je suis d'accord...
» Sa voix s'adoucit. Depuis quand n'a-t-elle pas dormi dans les bras d'un homme? Elle se blottit contre ce corps fait de muscles. Ce corps qui vient de lui faire l'amour. Elle ferme ses paupières. & espère simplement que Morphée ne l'oubliera pas. « Bonne nuit Shannon. »

Avant d'être transformée en cette terrible créature, Shannon pouvait rester profondément endormie durant des heures. Aujourd'hui, tout est différent. Elle entend le moins battement de cœur, la moins goutte de sang qui circule dans les veines, la respiration - inaudible pour le commun des mortels. & lorsque Jared se réveille, bousculé par ce qui semble être un cauchemar, la douce ne peut se résoudre à le laisser ainsi. Ses doigts caressent donc instinctivement la peau de son amant. Elle ignore si cela l'apaisera. Elle aura au moins essayé.
& Jared retrouve le sommeil.
Pour une trop courte durée, hélas.
Parce qu'au beau milieu de la nuit, le chasseur quitte ses bras. Un frisson la parcourt. Elle a froid. Affreusement froid. Ou peut-être est-ce l'effet de ses doigts virils contre ses courbes de femme? « Merci. Pour cette nuit. » Qu'est-elle supposée faire? Le regarder partir? Sa tête lui dit "oui", son cœur lui dit "non. Alors Shannon émet un gémissement, tandis que ses paupières s'ouvrent sur ses yeux verts. « Merci à toi... » Lentement, la jeune femme se redresse, maintenant le drap contre ses seins nus. Elle ne relâche le tissu qu'au moment où, assez proche de Jared, elle presse sa poitrine contre son dos, ses bras autour de son cou. « Prends soin de toi, d'accord? » Bien sûr, elle aurait voulu qu'il reste jusqu'au petit matin. Bien sûr, elle brûle de lui demander de rester encore quelques heures. Mais, à quoi bon? Tôt ou tard, quoi qu'il arrive, Jared devra repartir & s'adonner à ses activités. Pourquoi donc regarder l'échéance alors que le chasseur semble déjà avoir pris sa décision? Shannon embrasse tendrement sa nuque, & le libère de sa délicate emprise.
Une nouvelle fois, leur chemin se sépare.
& qu'en sera-t-il, si leur chemin se croise à nouveau? Réussiront-ils à s'approcher? Leur complicité a l'air si évidente, qu'Alice ne peut croire, ne peut concevoir que leur relation vient d'imposer son point final.

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» Jared L. Turner - It's a beautiful Lie
» Jared L. Turner - A warning to the people.
» Mais quel incroyable hasard !!! [PV Jared]
» La vengeance est un plat qui se dévore presque froid [Jared]
» Un repas c'est sacré, allez-vous-en vous m'embêtez ! (Jared)